IRON BUTTERFLIES

Un film de Roman Liudei

Au-delà de l’effroi, l’absence de scrupules des fautifs

En 2014, un avion de ligne est abattu par un système anti-aérien BUK venu de Russie et installé à proximité de Donetsk. Alors que l’enquête internationale suit son cours, les médias russes proches du Kremlin mettent en avant une contre-enquête…

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Parmi les documentaires de la section Panorama du Festival de Berlin, on retrouve un film déjà passé par Sundance, décortiquant au travers du cas du crash d’un avion de Malaysia Airlines reliant Amsterdam à Kuala Lumpur en 2014, suite à la guerre menée dans le Donbass par la Russie, alors terre ukrainienne, toute la mécanique de la propagande d’État russe. Usant de passages plus oniriques, en noir et blanc, afin de rendre l’horreur plus symbolique plutôt que frontale, Roman Liudei réussit à transmettre toute l’effroi provoqué par le drame, renforcé par le peu de vergogne de ceux qui s’attachent à démonter l’enquête minutieuse sur ces 298 victimes, qui aura durée des années.

Alors qu’une file de gens semble attendre de rentrer dans l’incendie qui dégage de hautes volutes d’une sombre fumée, les noms de chacune des victimes sont égrenées par différentes voix off. Quand les débris, innombrables, sont ramassés, ce sont des fleurs de métal qui semblent pousser autour d’un sol devenu carcasse. D’étranges dessins se dégagent des mains d’un enfant jouant avec des osselets noirs et de la poudre à canon (un char…). Au-delà de ces moments disposés comme des respirations, la carte finale qui rappelle que nos avions civils ne sont que des « papillons d’acier » qui virevoltent dans un ciel non sans danger (même si le titre du métrage se réfère à la forme des éclats d’obus du fameux BUK).

En cours de route, le film aligne des images difficiles (les premières prises de vues par les habitants du voisinage du crash, les rangées de sacs…), montre les contradictions des médias russes (une dénégation succède à une revendication…), tandis que l’ignominie d’une reconstitution du tir sur le cockpit, comme les fausses manipulations de photos issues des réseaux sociaux viennent donner une échelle des intérêts politiques en jeu… Un documentaire passionnant, qui fait forcément froid dans le dos, mais qui permet de faire éclater au grand jour, les mensonges éhontés de certains médias russes, exercice dans lequel, avec la guerre actuelle, ils sont désormais trop visibles aux yeux du monde.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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