IN THE LOST LANDS

Un film de Paul W.S. Anderson

Quand Rebel Moon rencontre Sally

Dans un monde apocalyptique où les terres désolées du nouveau monde sont régies par un système religieux despotique, une sorcière du nom de Alys la Grise se voit chargée d’une mission par la reine. Elle doit alors s’aventurer dans les contrées perdues en compagnie de Boyce, son guide pas très loquace, afin de ramener un immense pouvoir. Mais ils devront pour cela affronter des hordes de démons et d’hommes déchus…

Notre faiseur international de nanars de luxe a encore frappé. Paul W.S. Anderson de son petit nom est connu parmi les cinéphiles comme un piètre réalisateur et conteur d’histoires. Sur le papier on ne pourrait donner tort à cette qualification au vu d’une filmographie qui contient bien entendu des volets de la saga "Resident Evil" (le premier volet et du 4 au 6), avec Milla Jovovich à l’affiche qui éclate du zombie au ralenti sur de l’électro, ou encore l’adaptation ô combien fantasmagorique des "Trois Mousquetaires" d’Alexandre Dumas.

La liste est longue (n’oublions pas "Pompéï"), mais il serait injuste de ne pas mentionner le premier fait d’armes du bonhomme avec le film de science-fiction lovecraftien "Event Horizon" sorti en 1997. Vrai film d’atmosphère poisseuse avec un Laurence Fishburne qui crève l’écran face à un Sam Neill version Alan Grant démoniaque, le film, malgré son flop en salles, trouva une seconde jeunesse grâce aux vidéos clubs et aux amateurs de films situés dans l’espace avec tendance satanique. Et même si avec le recul ce seul « bon » film du réalisateur ressemble presque à une erreur de parcours miraculeuse, on ne pourra pas enlever à celui-ci une certaine jubilation à nous filmer des scènes improbables avec le plus d’artifices possibles. Une générosité qui lui permet à chaque fois de passer à la classe suivante de justesse mais qui fait terriblement défaut dans son dernier rejeton difforme qu’est "In the Lost Lands".

Et pourtant la promesse d’un univers post-apocalyptique avec Milla Jovovich et Dave Bautista qui affrontent des monstres et occasionnellement se foutent sur la gueule ne pouvait que nous réjouir d’avance. Hélas quelque chose s’est perdu chez Paul W.S. Anderson : la débrouillardise s’est muée en fainéantise et les tranches de rires sporadiques se font rares. Le point de départ n’est pas déplaisant pour autant. Le film se base sur une nouvelle de l’auteur de "Games of Thrones", Georges R.R. Martin, et c'est indéniable, la patte de l’auteur transparaît dans les thématiques mises en scène à l’écran : un système religieux corrompu et sadique, des jeux de pouvoirs au sein de la monarchie et un des outsiders anti-héros qui renversent l’ordre établi malgré eux. Aussi amusant soit-il, ce point de départ n’est malheureusement pas mis en valeur avec le plus de jugeote possible, et cette affreuse séquence introductive (malgré ce money shot dans la flaque qui n’est pas sans rappeler celui de "The Batman"), est d’une mollesse extrême, ne suffisant pas pour poser son univers et ses enjeux.

Encore une fois, nous allons voir un film de ce cinéaste, l'esprit complètement conscient de là où on met les pieds. Mais là où dans ses précédents travaux un certain soin (à prendre avec des pincettes) était à l'œuvre, pour mettre en place et raconter son histoire correctement, on sent ici un je-m’en-foutisme qui fait froid dans le dos. Et si on parle de nos yeux, ils se retrouveront souvent irrités par cette fausse esthétique numérique à la croisée de "300" et "Rebel Moon". Tout baigne alors dans une sorte de surréalisme qui aurait pu être plaisant si Anderson n’avait pas oublié comment filmer ses séquences d’actions. La seule à sauver serait peut être ce moment d'échappatoire dans un bus téléphérique où soudain on s’amuse de nouveau : les lois de la physique ne répondent plus, les acteurs sont en roue libre et l’action se fait dans le mouvement.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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