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L'ILLUSIONNISTE

Un film de Sylvain Chomet
Avec les voix de Jean-Claude Donda, Edith Rankin...

Simplement magique et nostalgique

Le magicien français Tatischeff a bien du mal à remplir les salles. Devenu désuet dans un monde moderne, son art n’attire plus les foules. C’est pourtant plein d’espoir qu’il se rend, son lapin récalcitrant dans ses valises, en Angleterre pour une tournée qui l’amènera à se produire dans de petites salles et des auberges de fortune…

Après avoir connu les joies d'une sélection Hors compétition à Cannes avec l'inventif "Les triplettes de Belleville", le réalisateur français Sylvain Chomet nous livre son nouveau dessin animé, non seulement présenté à Berlin, mais également en ouverture du 50ème festival du cinéma d'animation d'Annecy et du Festival d'Edinbourough en Ecosse. Adaptation du quatrième et dernier scénario de Jacques Tati, que l'auteur n'a jamais pu tourner, "L'illusioniste" est une fable nostalgique, amenant un magicien (Tatischeff) et son agressif lapin, à parcourir l'Angleterre puis l'Ecosse, et à recueillir sous son aile, une jeune bonne sans le sou.

Avec un minimum de dialogues, et comme toujours d'infimes détails qui font la drôlerie de chaque plan, "L'illusioniste" séduit sans condition et touche aussi, face au constat du passage à un nouvel âge, plus sophistiqué, plus moderne, époque contre lequel le vieil homme ne peut lutter. Parce que son art n'est plus à la mode, parce qu'aussi il vieillit. Car c'est là aussi le thème central du film, la nécessaire passation de flambeau à une autre génération, qu'elle concerne la transmission de son savoir faire ou son désir de filiation.

La silhouette filament de Tati rode dans chaque plan de "L'illusioniste", dont les décors tourmentés et les villages d'Ecosse ne font que renforcer le coté intemporel, figeant une époque où la vulgarisation de l'électricité et l'arrivée de la télévision sont vécus comme des évènements divertissants, et quasiment magiques. Avec une infinie douceur, cette belle histoire, drôle et foisonnante de détails, prouve malgré tout que le spectacle vivant n'est pas mort, pour peu que les gens y prêtent attention. Au final, "L'illusionioste" satisfera sûrement autant les parents, sensible à la relation père-fille de substitution, que les plus petits, plutôt sensibles au comique de répétition lié au lapin, qui préfère de loin manger des doigts que des carottes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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