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IL VARCO

Être soldat : d’un espoir de victoire rapide à celui d’un retour à la maison

Juin 1941. L’Allemagne envahit l’URSS. Des soldats italiens sont mobilisés pour rejoindre les troupes allemandes…

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"Il Varco" est un documentaire saisissant, de par les images qu’il parvient à reconstituer, donnant l’idée du parcours d’un soldat lambda et de la persistance de son lien avec son pays, mais aussi de par l’aperçu de l’évolution du mental de ce dernier. Le film commence sur des images abîmées, qui reviendront de manière récurrente. Un couple, un enfant se déplacent dans la neige. Cette neige qui caractérisera par la suite les plaines désertiques d’Ukraine ou une usine désespérément vide, là-bas, loin de l’Italie natale.

Accompagnées par la voix-off d’une femme russe, les images noir et blanc se font plus nettes, et c’est la voix-off du soldat italien lui-même qui prend le dessus, donnant à voir une halte dans les montagnes autrichiennes, les amas de ferrailles de secteurs bombardés, puis les grandes plaines de l’Ukraine. L’homme, lui, évoque le regard suspicieux des soldats allemands, l’antisémitisme au sein des files de soldats croisées, l’espoir d’un repas chaud et d’un retour prenant peu à peu le dessus. Avec justesse, les metteurs en scène proposent des parallèles efficaces et pertinents, invitant la couleur du filmage d’aujourd’hui pour évoquer par exemple la persistance du troc sur les marchés ukrainiens, tout en proposant aussi quelques incursions de l’ordre du rêve, évoquant notamment ce retour tant espéré et la nostalgie qui va avec.

"Il Varco" mérite la lenteur, celle du voyage vers la destruction et de l’espoir de renaissance d’une terre meurtrie. Si les « tranchées sont des coupures dans la chair de la terre », l’évocation de l’adversaire est ici pleine de respect, se concentrant sur la souffrance (la faim, l’enterrement d’un enfant…) et les séquelles des lieux plutôt que sur l’affrontement. À la fois poétique et par moments hypnotique, "Il Varco" mérite le détour pour sa valeur historique, picturale, comme humaine.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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