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IL RESTO DELLA NOTTE

Un film de Francesco Munzi

Une intrigue peu convaincante sauvée par ses personnages

Maria (Laura Vasiliu), roumaine émigrée en Italie, travaille comme employée de maison pour une famille bourgeoise (Sandra Ceccarelli et Aurélien Recoing). Soupçonnée de vol puis licenciée, elle se réfugie chez son ex-petit ami Ionut (Constantin Lupescu), qui vit seul avec son jeune frère depuis la mort de leur mère. Dans le but d’échapper à leur misère, ils décident tous trois de cambrioler les anciens employeurs de Maria. Ils font pour cela appel à Marco (Stefano Cassetti), un truand au sang chaud dépendant à la drogue et aux médicaments…

Trois personnages, trois visages de l’Italie contemporaine : la nouvelle bourgeoisie, isolée sur sa colline pour éviter tout contact avec la réalité, la classe moyenne complètement noyée, à la fois solitaire et agressive, puis l’immigration, certes un peu fourbe mais finalement plus humaine. Le schéma est clair, un rien simpliste, et prend vie à travers trois récits séparés qui finissent par se croiser. Ce procédé narratif permet d’en savoir plus sur chacun et de contredire ainsi les apparences : la violence et l’instabilité de Marco cachent une envie d’apprendre à aimer et d’être aimé (par son jeune fils en l’occurrence, dont son ex-compagne a la garde), l’opulence qui caractérise la vie du couple bourgeois n’empêche pas celui-ci d’être en crise (et le mari d’aller voir ailleurs).

Pas de surprises, donc, avec ce petit film qui, pensant être cinglant en déterrant les maux des couches les plus profondes de la société, tombe dans le binaire le plus trivial. Le déroulement de l’intrigue est assez prévisible, la mise en scène sans relief. Une platitude que viennent heureusement réhausser les personnages, ambigus à souhaits. Tous névrosés à leur manière, ils résultent d’une écriture précise, élevée par une belle interprétation. Stefano Cassetti, dont le regard glacial et l’animalité explosent à nouveau après « Roberto Succo », crève littéralement l’écran. Constantin Lupescu, qui incarne Ionut, tire lui aussi son épingle du jeu par son charisme froid et sa quête déchirante de survie.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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