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IL ÉTAIT UNE FOIS PALILULA

Un film de Silviu Purcărete

Virtuose dans sa mise en scène, une fresque qui finit par tourner à vide

Dans les années 60, en Roumanie, le jeune docteur Serafim, pédiatre, tombe en panne de voiture dans une tempête de neige. Il est alors récupéré par une locomotive noire qui l’emmène à Palilula, la ville sans enfant. Un lieu mystérieux, où il va faire la connaissance de confrères tous plus étranges les uns que les autres…

Il était une fois Palilula film movie

Datant de 2012, le film du metteur en scène de théâtre Silviu Purcărete sort enfin en salles et regorge d’inventivité, de créativité visuelle, de plans incroyables, où parfois même les images de synthèse font leur irruption. Dès les premières scènes, plongées dans une tempête de neige qui isole vite son héros du reste du monde, on est embarqué avec lui dans un flot de paroles et d’actions qui font forcément penser à Kusturica et à Fellini. Les personnages et plans se répondent dans un incessant jeu de ping-pong qui exploite le moindre recoin de l’improbable locomotive noire dans laquelle sont enfermés un conducteur, un vieux jouant du piano, un couple homme âgé / femme jeune, un joueur de violon et une dame mûre dont on ne sait pas trop si elle est réellement une femme. Le héros (comme le spectateur), un peu effrayé par le brouhaha de tout ce petit monde, reste en retrait, au milieu de buissons de lauriers.

Le caractère passif de celui-ci va d’ailleurs marquer tout le début du film, la caméra suivant cet homme dans la découverte de cette « ville sans enfant », dans laquelle il aura du coup du mal à exercer sa profession de pédiatre, et où on ne cesse de lui proposer de l’alcool, lui qui ne boit pas. Le rythme surprend, mais épuise un peu sur la longueur, et l’humour décalé, tantôt visuel, tantôt politique, ne fera pas l’unanimité. On découvrira ainsi des personnages improbables, qu’on aurait sans doute aimé voir un peu approfondis pour certains, de l’hermaphrodite à la Cigogne, en passant par les vipères de la pharmacie et leurs maris Laurel et Hardy, ou encore un médecin grimé en noir.

Le tout est foisonnant et on appréciera en particulier la poésie apportée par les petits récits intermédiaires, histoires racontées mettant en avant un personnage en particulier (l’homme poursuivi par un loup, le trafiquant de grenouilles avec les Italiens, la perdition dans un cabaret, l’histoire d’adultère...), mais dont on peine à trouver le sens global. Restent quelques saillies réjouissantes, critiquant le régime ou la société de l’époque, telles « les seuls malades ici c’est nous les médecins », « la médecine est la seule fraude subventionnée par l’État », ou « si des enfants naissent, ils vont prendre notre place ». Et surtout des plans mémorables aux multiples figurants, du travelling latéral sur la préparation des cuisses de grenouilles, à la découverte finale de l’ensemble du décor de cette ville fantasmée. Une œuvre visuelle marquante, à défaut d’être d’une clarté évidente.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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