HYACINTHE

Un film de Bernard Mazauric

Bromance à la dérive

Après la mort de sa mère, Hyacinthe, un colosse introverti, est laissé chez Reda, un petit dealer âgé et à la dérive, réticent à devenir son tuteur. La vie des deux hommes va très vite prendre un virage, car entre dettes de jeu et tuerie entre gangs, ils doivent s’enfuir pour échapper à Vlad, chef de gang impitoyable qui détruit tout sur son passage… Parviendront-ils à trouver un refuge ?

Entre le film de gangster et le road-movie, "Hyacinthe" s’inscrit dans la lignée des productions récentes autour du narcotrafic ("Emilia Perez", "Marseille"…). Voulant se démarquer de ces dernières par l’originalité de son duo (un vieil arnaqueur et un colosse pacifique), ce film est le récit d’une amitié entre deux hommes à la dérive. Inspirée de "Macadam Cowboy", cette bromance « entre deux paumés » fonctionne par le jeu des acteurs principaux (Patrice Quarteron et Denis Lavant) et le glissement entre amitié et paternité. Néanmoins, la faiblesse de certains rôles secondaires fait ressurgir celle du scénario lui-même.

Quelque peu caricatural, ce film dépeint des archétypes et passe ainsi à côté de ses personnages et potentiellement de son public. En effet, il ne parvient pas à émouvoir tant il reste en surface : ça tire, ça baise, ça tue. Cette vision limitante du film de gangster se traduit, notamment, par une scène de bagarre hors-sol entre un homme à la virilité blessée et Hyacinthe, ou par les diverses scènes d’exécution sommaires, trop récurrentes pour ne pas en devenir lassantes voire ridicules. La folie meurtrière de Vlad peut d’ailleurs être questionnée tant elle est poussée à l’extrême, loin de toute cohérence. La place des femmes, plutôt potiches, accompagne cette posture sans réinvention du film de cavale.

Malgré toutes ces maladresses, "Hyacinthe" reste intéressant pour son œil averti puisque qu’il fait plusieurs références à l’histoire du cinéma : "La ligne verte", "Rocky", "Les Moissons du ciel"… Si le travail des cadrages, un peu comme celui du scénario, n’a rien de novateur, il reste efficace pour raconter l’histoire qu’il a à transmettre. En bref, un film trop ancré dans sa tradition pour innover et surprendre son spectateur.

Adam GrassotEnvoyer un message au rédacteur

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