HORS SERVICE
Portrait d’un service public à l’agonie
Synopsis du film
Six anciens fonctionnaires échangent sur les raisons qui les ont poussés à quitter le service public…
Critique du film HORS SERVICE
Jean Boiron-Lajous signe son second long-métrage documentaire, après "Paroles de bandits", sorti en 2019, qui réunissait les témoignages de nombreuses personnes aidant les migrants à traverser la frontière franco-italienne pour mieux dénoncer les faillites d’un système qui considère les chiffres avant l’humain. En se penchant cette fois sur le service public, le réalisateur dresse un portrait qui n’est pas moins alarmant. Les impératifs en termes de rendement et de productivité ont peu à peu envahi les différents services publics, jusqu’à négliger le public qu’ils sont censés servir.
Ce phénomène touche toutes les branches de la fonction public : santé, éducation, forces de l’ordre, justice et les postes. Les témoins, issus de ces différentes branches, ont tous fait l’expérience de la déshumanisation progressive de leurs conditions de travail, ce qui se ressent dans la qualité du service fourni… Nous serons sans doute nombreux à l’avoir constaté dans notre quotidien. Mais ce qui est plus grave, et ce sur quoi se concentre le propos de ce documentaire, c’est la crise des vocations qui touche tous les secteurs de la fonction publique. L’État est encore le premier employeur de France, mais fait fuir ses propres employés et peine à en recruter de nouveau. À titre d’exemple, l’éducation nationale manque notoirement de professeurs, car le métier n’attire plus. Les classes qui se composaient jadis de vingt élèves, qui sont aujourd’hui à trente. Elles seront donc demain à quarante, aggravant encore la charge mentale des enseignants et suscitant de moins en moins de vocation, dans un effet boule de neige dévastateur.
Édifiant dans son propos et dans son argumentaire incontestable, tant les témoignages se recoupent, "Hors service" est également agréable à suivre grâce à un travail soigneux sur la mise en scène, quitte à parfois tirer vers le docu-fiction. S’il fallait trouver un défaut à ce métrage, il se situerait dans son manque de surprise. En effet, la déliquescence des services publics est un phénomène qui n’a échappé à personne et qui noircit régulièrement les pages des journaux. On n’apprendra donc que peu de choses en visionnant "Hors service". Mais on conviendra qu’il était essentiel de replacer le facteur humain au centre du discours.
Benjamin BidoletEnvoyer un message au rédacteur

