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HORS LES MURS

Un film de David Lambert

Un amour devenu impossible

Paulo est un jeune pianiste qui vit avec sa copine. Mais sa rencontre avec Ilir, barman d'origine albanaise, avec qui il a une aventure, pousse celle-ci à le foutre dehors. À la rue, il s'incruste pour quelques jours chez Ilir, un peu contrarié par cette présence envahissante...

« Hors les murs », premier long métrage du Belge David Lambert s'ouvre avec une rencontre en apparence comme les autres, fruit du plus pur des hasards. Un barman remarque un client qui lui sourit, puis le ramène chez lui, totalement bourré, s'amusant le lendemain à lui faire croire qu'ils ont eu une relation sexuelle. D'emblée la différence de caractères s'affiche comme crédible et le couple improbable se dessine comme un possible. D'un côté il y a un garçon un peu « entre deux », comme beaucoup, qui a une copine qu'il fait irrémédiablement souffrir (les quelques scènes de tentative de communication entre eux la montrent désemparée et littéralement torturée). De l'autre, il y a un homme plus libre et mûr, qui semble gérer sa vie avec stabilité mais ne souhaite pas spécialement afficher sa particularité.

À la manière d'une chronique romantique, l'auteur met en place une approche qui trouve son exutoire en une inévitable collision physique, donnant ensuite à voir une intimité forcée qui tourne à la complicité. Les dialogues participent avec finesse de cet état de fait, rapprochement involontaire pourtant désiré malgré les dires. Ilir, affichant son indépendance, déclare ainsi au début que ce n'est pas parce qu'« on a joué trois minutes à touche-pipi que je vais transformer ma chambre en village vacances », alors que plus tard, il refusera de voir son ami en déclarant, dans un moment où il a besoin d'être fort : « tu me ramollis », « il suffit que je te vois pour cela »...

Empruntant des chemins inattendus suite à la disparition pendant plusieurs jours du personnage interprété par Guillaume Gouix, le film séduit sans peine. Partagé entre envie de rire et gêne (le jeune amant est piégé par un jouet sexuel encombrant qu'il n'aurait dû garder qu'un week-end), le spectateur est lui aussi gagné peu à peu par l'inquiétude. Si, pour des raisons évidentes, nous tairons tout détail quant à la suite du récit, le scénario vire alors au drame passionnel, peinture sensible d'un amour impossible dont les soubresauts résonnent encore longtemps après la projection.

Au final, « Hors les murs » est une histoire d'amour entre hommes qui séduit dès les premiers moments de partage de ce couple, dont la complicité transparaît immédiatement à l'écran. Leur rencontre sonne juste, entre écart de mentalités évident et liberté de mouvement soudainement acquise de par la simple présence de l'autre (voir la scène de la recherche de préservatifs dans un supermarché, où le plus âgé lance carrément une annonce au micro pour trouver le bon rayon...). Et ce qui s'annonçait comme une petite bluette sans grande originalité se révèle bouleversant, grâce à l'interprétation de deux acteurs habités. Matila Malliarakis incarne ainsi un petit minet, que certains trouveront peut-être insupportable, mais dont la candeur affichée et les gamineries finissent par toucher, comme elles ont eu raison de la carapace d'Ilir. Quant à Guillaume Gouix, il confirme tout le bien qu'on pensait de lui depuis « Jimmy Rivière », en donnant corps à un dur à cuire cachant un cœur tendre, et dont le vacillement convainc sans problème.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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