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L'HOMME QUI VOULAIT VIVRE SA VIE

Un film de Éric Lartigau

Tiède adaptation

Paul Exben, directeur associé d’un cabinet d’avocats et heureux père de famille, semble mener une parfaite existence. Pourtant, au fond de lui, il sait que sa vie n’est pas tout à fait celle dont il avait rêvé : sa femme est de plus en plus distante, son deuxième enfant lui donne du fil à retordre, sa passion pour la photo se limite à admirer le travail des autres, son job l’ennuie... Du jour au lendemain, Paul se retrouve impliqué dans un terrible accident. Et si pour lui c’était une porte de sortie ?

Ce quatrième long métrage d'Éric Lartigau, qui a démarré sur Canal plus à la fin des années 1990 avec la série « H », avant de passer au grand écran en réalisant “Mais qui a tué Pamela Rose ?”, marque son grand passage au genre dramatique. Le roman éponyme dont il est l’adaptation, probablement le plus grand best-seller de Douglas Kennedy, raconte l’histoire d’un homme qui, obligé de fuir, finit par prendre son destin en main et découvrir ce qui lui a manqué toute sa vie. Un pitch alléchant, qui reprend le grand thème de la liberté et du courage de faire des choix pour vivre comme on l’entend, le tout appliqué à un homme, ce qui n’est pas si courant.

Hélas, ceux qui ont vibré pour le livre risquent de voir sa version cinéma comme un bien pâle écho. En effet, même si Éric Lartigau respecte assez scrupuleusement l’histoire d’origine, il troque le souffle épique qui la rendait passionnante contre un scénario sans saveur et un héros un peu creux, qui suit le vent sans conviction et ne semble animé par aucune véritable passion (cf. les quelques secondes pendant lesquelles Paul Exben tripote et range une photo dans son tiroir). Conséquence : le spectateur a un peu de mal à y croire et à s’identifier au personnage incarné par Romain Duris, pourtant bon acteur.

Autre défaut du film : la maladresse avec laquelle le basculement du héros est mis en scène. Sans rentrer dans le détail de l’histoire, au risque de trop en dévoiler, les effets excentriques avec lesquels Lartigau traite la dimension “thriller” du film, créent des ruptures peu propices à l’immersion du spectateur dans le film. Certaines scènes frisent même la parodie (Duris en bobo avec une mèche collée au début du film, puis hirsute et en veste kaki à la fin...), ce qui tend à dérouter, étant donnée la tonalité dramatique de l’ensemble. Seules les vingt dernières minutes, pendant lesquelles le héros se sent menacé et craint de voir son stratagème dénoncé, réussissent à atteindre une certaine tension et à la communiquer. Une assez maigre consolation, après plus d’une heure d’ennui.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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