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GUILTY OF ROMANCE

Un film de Sono Sion

Pervers et libéré

L’inspectrice Kazuko est obligée de couper court à ses ébats pour aller inspecter un corps tout juste découvert. Il s’agit d’une jeune fille dont certaines parties du corps ont été remplacées par celles d’un mannequin de magasin de vêtements…

Sono Sion est hyper prolifique ces derniers mois. Récemment annoncé en compétition de la 68ème Mostra de Venise avec son adaptation noire du manga « Himizu » alors qu’il était déjà présent l’an dernier en Orrizonti avec son « Cold Fish », le réalisateur japonais se paie le luxe de la séance spéciale à la Quinzaine des Réalisateurs, cette année. Ce nouveau film, plus dans la vaine de « Love Exposure » que de « Cold Fish » est encore un épatant mélange de styles, de tons, de genres et d’émotions. Même s’il démarre avec des allures d’enquête policière, « Guilty of Romance » se révèle être une extravagante farce, foisonnante et baroque, sur la jouissance et la libération de la femme dans la société japonaise.

Pour l’illustrer, Sion nous présente trois femmes étant chacune aux étapes différentes de leur sexualité. Izumi est une femme au foyer, soumise, totalement délaissée charnellement par son mari, Kazuko, l’enquêtrice, mène une double vie perverse avec un mystérieux amant, et Misuko a depuis bien longtemps décidé de prendre du plaisir en faisant systématiquement payer ses conquêtes. Ces trois singuliers personnages vont se croiser dans une longue tornade corrosive et sexuelle de 2h30, pour chacune s’affranchir un peu plus des hommes qui les entourent.

Il est à noter que nous avons assistés à la projection de la version longue du film et qu’une œuvre plus courte d’une demi-heure est sensée sortir en salle. Le réalisateur avoue d’ailleurs préférer cette dernière. Sans doute doit-elle être plus concise et moins fouillis tant le résultat de cette version longue peut paraître chaotique et outrancier. Pervers, indécent, complètement barge, sinueux, gore, poétique, romantique, nombre sont les qualificatifs antonymes qui traversent l’esprit à la vision de cet objet. Sono Sion alterne le mystère et l’horreur, la romance et l’érotisme féminin, le burlesque et des instants malsains, parfois avec tact et subtilité, parfois en sombrant dans la vulgarité, et l’impression finale est, comme bien souvent, certes, mitigé, mais terriblement fascinante. L’univers de Sono Sion n’est pas encore près de s’épuiser et on l’attend de pied ferme lors d’un très prochain festival.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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