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GOOD LUCK ALGERIA

Un film de Farid Bentoumi

Descente sans faux pas sur les pistes délicates de la comédie bienveillante

Stéphane a une idée pour sauver la fabrique à ski dont il s’occupe avec son ami d’enfance Sam : le faire concourir aux Jeux-Olympiques pour l’Algérie. Si ce défi improbable est loin d’être gagné, cette expérience aura au moins le mérite de rapprocher l’homme de ses origines…

Parfois, certains pitchs laissent pantois tant on ne les attendait pas. Celui de "Good Luck Algeria" fait indéniablement partie de cette catégorie. Car imaginer l’histoire rocambolesque d’un Français d’origine algérienne décidé à représenter ce second pays aux Jeux Olympiques en ski de fond est particulièrement surprenant. Sauf que Farid Bentoumi n’est pas allé chercher bien loin pour son premier long métrage, puisqu’il s’agit, aussi incroyable soit-elle, d’une histoire vraie : celle de son propre frère. Dans le film, il est question de deux amis d’enfance, Sam et Stéphane. Ils gèrent une fabrique de skis hauts de gamme, entièrement made in France. Mais la perte d’un contrat avec des Suédois va les obliger à se lancer dans ce pari fou.

À la fois récit sur l’intégration et chronique sur le « vivre ensemble », ce conte qui évoque autant le dépassement de soi que l’amour du travail est avant tout un excellent feel good movie, sensible et touchant. L’évolution du personnage de Sam, des doutes censés aux rêveries un peu naïves, est le fil par lequel le réalisateur tend sa toile bienveillante sur sa comédie dramatique. Mais, "Good Luck Algeria" étonne par sa capacité à mêler toutes ces thématiques et à les fondre dans un ensemble profondément cohérent. Comme si le cinéma social de Ken Loach rencontrait les réflexions sur l’héritage culturel d’un Rachid Bouchareb.

À l’heure des débats sur la bi-nationalité, cette comédie dramatique est une réponse profondément positive sur le métissage des traditions et des cultures. Loin d’être un manifeste politique, ce qui ne l’empêche pas d’être engagé, le film se sert admirablement du prisme de la comédie pour diffuser ses messages bienvenus. En injectant une crise d’identité et une bonne dose de générosité dans l’architecture d’une pantalonnade populaire, Farid Bentoumi réussit aisément son pari de faire rire autant que d’émouvoir. Néanmoins, tous les honneurs ne lui reviennent pas, les comédiens, et en particulier le génial et terriblement attachant Bouchakor Chakor Djaltia, rendant une copie quasi-parfaite. Pour toutes ces raisons, se rendre dans les salles obscures voir ces savoureuses facéties ne devrait pas vous faire regretter le prix du billet.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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