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GIRLS WITH BALLS

Un film de Olivier Afonso

Un slasher parodique décevant

Une équipe de volley féminin se perd dans une forêt et tombe sur une bande de fous sanguinaires bien décidés à les tuer…

Girls with Balls film movie

Sortie le 26 juillet 2019 sur Netflix

Le réalisateur de "Girls with Balls", Olivier Afonso, travaille d’habitude comme maquilleur SFX, officiant sur de très nombreuses productions – la liste est très longue mais citons des films aussi divers que "Le Scaphandre et le Papillon", "Largo Winch", "Cloclo", "Camille redouble", "Vénus noire", "Catacombes", "L’Écume des jours", "9 mois ferme", "Grave" ou encore "Gaston Lagaffe". Bref, au vu de son CV, le mec est un artiste a priori très performant dans son domaine et on s’attend donc au moins à ce que la comédie horrifique qu’il signe soit a minima bien réussi visuellement. Heureusement, ce n’est pas là où le bât blesse, car il nous propose une parodie colorée où l’ambiance pseudo-américaine peut rappeler "Mais qui a tué Pamela Rose ?" et où le faux sang rouge vif insiste explicitement sur la volonté de ne pas nous servir quelque chose de réaliste.

Malheureusement, on ne peut pas se satisfaire de ce succès esthétique très BD/animation (notons au passage les clins d’œil volley-ball à la série "Jeanne et Serge"). Alfonso et son co-scénariste (Jean-Luc Cano, qui a notamment travaillé à la télé avec Kev Adams) semblent croire que la parodie autorise à faire n’importe quoi sans souci de structure ou de rythme. Ainsi, ça part beaucoup trop dans tous les sens et le récit se perd dans un montage alterné brouillon, en voulant suivre la dispersion d’un trop grand nombre de protagonistes (on finit par en oublier !) et en insistant lourdement sur de puériles chamailleries et autres jalousies entre les joueuses, jusqu’au summum de l’absurde (malheureusement pas de l’absurde maîtrisé de type Monty Python ou "La Cité de la peur").

Plutôt bon enfant durant la première demi-heure (bien que n'atteignant déjà pas un très haut niveau), "Girls with Balls" bascule donc dans une grande pagaille indigeste quand le récit s’oriente vers l’horreur de type slasher, avec chasse à l'homme, survival et vengeance à la clé. Le film lorgne de tous les côtés en termes de références (on pense pouvoir reconnaître "Scream", "Délivrance", "Les Chasses du comte Zarhoff", "Délicatessen" ou des films de Tarantino comme "Kill Bill" ou "Boulevard de la mort") mais on a surtout l’impression que les comparaisons ne font que rappeler que ce film-là n’est pas à la hauteur de ses ambitions, malgré son goût affiché pour le burlesque et le potache.

On ne sait pas non plus si le film se veut féministe : d’un côté il propose des héroïnes badass qui ont pour coach un homme qui s’exprime à la première personne du pluriel en accordant tout au féminin (ce point est assez rare pour être souligné !), d’un autre côté ces personnages féminins se montrent tout aussi cruches et stéréotypées (crêpages de chignons par exemple), et on a également droit à quelques plans très « sexy » qui nous rappellent qu’un homme est aux manettes du métrage. Évidemment, on aura également noté le double sens du mot « balls » dans le titre (précisons pour les personnes peu à l’aise avec l’anglais : soit « ballons », soit « couilles ») et on en profitera pour rappeler que l’association entre courage et testicules, bien ancrée dans l’inconscient collectif, est bassement sexiste (évidemment l’intention est ici purement comique, donc évitons tout de même de croire que le film est ouvertement sexiste avec un tel intitulé !).

Côté humour – puisque c’est quand même censé être le fond de l’affaire – on nous sert beaucoup de mauvais goût (on restera notamment perplexe face au quota d'urine et d'animaux massacrés gratuitement) et des gags souvent immatures et/ou répétitifs. On rit donc – ou sourit – de façon trop aléatoire, entre autres grâce à Artus (en coach décalé) et certains guests (Orelsan en cowboy troubadour façon coq de "Robin des Bois" ou Guillaume Canet en scout bigot). Si les actrices peuvent aussi se montrer drôles par moments (notamment Louise Blachère, qu’on a plaisir à retrouver, plus d’une décennie après avoir été révélée dans "Naissance des pieuvres"), elles livrent toutefois une performance globalement décevante en termes d’interprétation. Bref, "Girls with Balls" est avant tout une grosse déception.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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