FWENDS

Un film de Sophie Somerville

Du sous Woody Allen laborieux, pour le micro-portrait d'une génération désorientée

À l’aéroport de Melbourne, en Australie, Jessie vient accueillir son amie Em, qui vient de Sydney pour passer un week-end avec elle. Ensemble, elles se balladent dans la ville, Em livrant ses états d’âmes et ses idées sur le monde, Jessie ayant un peu de mal à imposer son propre discours…

Passé par le Forum du Festival de Berlin 2025, "Fwends" (contraction de "Friends", les amies), met en scène les déambulations de deux amies, dans les rues, les parcs, sur les quais, dans les bars et les clubs de Melbourne. Le long métrage ressemble à un film de Woody Allen, bercé ici par des variations de Chopin (Etude pour piano n 3, op. 10), au piano, à l’orgue, voire au xylophone. Extrêmement bavard, le film se focalise sur les états d’âmes de celle qui vient de débarquer, Em, jeune femme caucasienne qui monopolise la parole et devient vite antipathique de ce fait, effet encore renforcé par sa propension à avoir un avis sur tout et le fait qu'elle ne cesse de se plaindre de ce monde qui ne lui évoque que de noires perspectives.

On espérait qu’avec l’entrée, tardive, dans la danse, du personnage de Jessie, profitant de l’épuisement de l’autre, la tonalité changerait. Mais la noirceur persiste, derrière quelques aspects clownesques, rendant chaque bon mot ou plaisanterie plus malaisant que l’autre, avec un autre personnage qui se déconsidère et se sent de plus en plus isolé. Entre les deux la déprime s’installe, au fil de ce qui se voudrait pourtant une comédie féministe (on commence sur une statue d’homme, pour finir sur une statue de femme, que « les pigeons (…) respectent »).

Malgré quelques tentatives de variation dans la mise en scène ou les ambiances, plus ou moins réussies, avec des images en pellicule noir et blanc, des reflets sur les bords, un effet kaléidoscope autour de la fontaine, un éclairage bleu et violet des toboggans du parc, une voix qui résonne après la prise de drogue, "Fwends" s’enlise inexorablement. Quant au spectateur, il finit harassé sous la somme des sujets prenant diverses formes (une impro slam sur le dérèglement climatique, des allusions au capitalisme sauvage, au patriarcat, à l’absence générale de sens…). Et on est au final heureux de laisser ces deux étrangères là où on les a trouvé au début.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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