FUORI

Difficile de voir ce que Mario Martone ("Nostalgia", "Capri Révolution") a voulu nous raconter à travers le portrait de l'auteure italienne Goliarda Sapienza. Tout au long de ce récit on a du mal à cerner le personnage, ses envies, ses buts. C'est à peine si on comprend qu'elle écrit plus ou moins un livre. On ne sait pas trop sur quel sujet non plus. Nous suivons simplement ses pérégrinations, son court séjour en prison pour un vol de bijoux dont on peine à cerner les motivations, et son amour inconséquent pour une femme de vingt ans sa cadette.

Il est d’autant plus dommageable de constater qu’il y avait bien un propos à développer. Et cela on le comprend seulement lors la scène finale, une interview d'archives de la télévision italienne dans laquelle la romancière explique sa démarche et ce qu’elle a voulu transmettre dans son ouvrage L’université de Rebibbia. Ce qui vient apporter un peu de lumière dans ce quotidien apparemment vide où Mario Martone nous a plongé pendant deux heures, et qui peut faire croire que le cinéaste italien est simplement passé à côté de son sujet, même s’il mélange avec une certaine fluidité les temporalités, en passant du rude présent aux souvenirs enjolivés de la prison.

Mais "Fuori" vaudra au moins le détour pour la performance de son actrice principale. Valeria Golino, (actrice italo-américaine qu'on voit autant d'un côté de l'Atlantique que de l'autre), se donne corps et âme à son personnage, proposant une interprétation pleine d’envie et de passion. Et si on doit reconnaître une qualité à Mario Martone, c'est sa capacité à mettre en valeur ses actrices. Matilda de Angelis, qui campe le principal second rôle, fait elle aussi la preuve de tout son talent. Mais cela fut insuffisant pour convaincre le public cannois qui est globalement sorti déçu de la projection de "Fuori", présenté en compétition officielle. Rien de surprenant alors à ce que le film soit reparti bredouille du festival.