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FRUITVALE STATION

Un film de Ryan Coogler

Vers le drame

1er janvier 2009. Un groupe d’afro-américains est passé à tabac par la police, dans le métro de San Francisco, au niveau de la station Fruitvale. Un coup de feu retentit...

"Fruitvale Station", Grand Prix du Festival de Sundance 2013, a pour le moins divisé la critique lors de sa présentation au dernier Festival de Cannes, dans la section Un certain regard. Il faut dire que certains trouveront peut-être le film trop partial dans son point de vue, car s'acharnant, à partir d'un fait divers que l'on imagine aisément comme ayant des conséquences dramatiques, à montrer la bonne volonté d'un des protagonistes, jeune black au passé pas si net, tentant de se sortir de la précarité. Pourtant, cette œuvre viscérale allie les qualités d'un récit à tiroirs et d'un portrait plutôt fin, tout en nous menant habilement vers une reconstitution finale du drame, aussi musclée qu'implacable, provoquant inévitablement un torrent d'émotion.

La force du scénario est justement de créer une incrédulité croissante chez le spectateur, en opposant les efforts déployés par le personnage pour être au final quelqu'un de bien, et l'arrivée inéluctable du fait divers, dans laquelle on ne connaît pas son rôle, et dont on ignore l'issue. En effet, le film s'ouvre avec les images de l'événement, filmées par téléphone portable, s’interrompant lorsque l’interpellation vire au drame. Et c'est alors par divers flash-back imbriqués que Ryan Coogler nous dépeint le portrait du jeune homme et de son entourage, renvoyant plus ou moins en arrière pour mieux expliquer son comportement (il a fait de la prison, négligé sa femme et sa fille, et a aussi eu une maîtresse...).

Histoire de parole donnée, d'honneur et de droiture retrouvée, ne négligeant pas pour autant la jeunesse de son héros, dragueur à ses heures, parfois distrait de son chemin, "Fruitvale Station" apparaît comme un conte de l'imperfection humaine, et de la possible injustice du monde. Franchissant tous les obstacles qu'il rencontre sur sa route, son héros servira peut-être de modèle pour certains, tout en leur rappelant que le sort fait que l'entourage est essentiel, que les belles rencontres existent (la fraternisation avec un blanc, tous deux parlant de mariage...), tout comme malheureusement les mauvaises (le rôle peu clair d'une police sous pression, aveuglée par ses préjugés...). Un scénario qui provoque l’empathie et bouleverse au final.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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