FREUD, LA DERNIÈRE CONFESSION

Un film de Matt Brown

Malgré un beau casting, une laborieuse dissertation

3 septembre 1939, à Londres. Alors que la Grande Bretagne est sur le point d’entrer en guerre contre l’Allemagne nazie, le docteur Sigmund Freud, exilé à Londres avec sa fille, Anna, reçoit un écrivain, le professeur Charles C Lewis, qui souhaite échanger avec lui sur l’existence de Dieu…

Si la direction artistique de "Freud, la dernière confession" (titre terriblement trompeur, vu le sujet, par rapport à l'original, où il est question de « session ») est impeccable (voir les premiers plans, sur la multitude d’objets qui ornent les différents meubles de son bureau…), ce huis-clos dans le bureau et les salons du Docteur Freud, exilé à Londres, souffre de ses dialogues, témoins d’un trop plein de sujets à aborder. Partant de la visite surprise d’un écrivain, le Professeur Charles C Lewis, auteur notamment de la saga Le Monde de Narnia (beaucoup plus tard), le film va en effet s’installer dans un long échange entre celui-ci et l’homme mourant qu’est Freud (il décédera en effet quelques jours plus tard, le 23 septembre 1939), centré sur l’existence de Dieu, l’appréhension de la mort, la différence morale entre l’homosexualité et le lesbianisme, ou encore le rapport à la mère ou au père.

Avec en toile de fond l’entrée dans la Seconde Guerre Mondiale et la montée du nazisme, le film signé Matt Brown ("L'Homme qui défiait l'infini"...) utilise des enregistrements de discours d’Hitler comme des extraits radios, pour insérer au grès du récit l’actualité en cours, et la fenêtre de la pièce comme porte vers le premier flash-back, où Freud se revoit, dans sa chère ville de Vienne, recevant le Prix Goethe. D’autres suivront, illustrant sommairement le harcèlement des juifs, en survolant tout de même globalement le sujet. Les alertes induisant ponctuellement l’urgence de se rendre dans un bunker, permettront aussi d’évoquer le stress post-traumatique de l’invité surprise, justifiant presque sa conversion au christianisme. Les livres permettent aussi d’introduire brièvement, sans qu’on en saisisse la réelle utilité, quelques flash-back sur le cercle littéraire d’Oxford réunissant notamment Tolkien et son frère Warren Lewis. Quant aux allusions progressives à la l’homosexualité de sa fille, Anna, interprétée avec aplomb par l’actrice allemande Liv Lisa Fries (la série "Babylon Berlin" et récemment "Berlin, été 42"), elles feront office de faux suspense jusqu’à l’une des scènes clés, où c’est l’auteur qui poussera Freud dans ses retranchements quant à l’utilisation de sa propre technique de psychanalyse. Tout ainsi paraît ici artificiel, visant à tourner cette rencontre en une sorte de duel, certes intéressant sur certains sujets, notamment la Foi, mais laborieux sur la forme, les dialogues envahissant se perdant entre les sujets. Ajoutez à cela le carton final, qui laisse un peu pantois, en indiquant que cette rencontre a peut-être eu lieu… avec une autre personne que Charles C Lewis !

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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