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FAST AND FURIOUS 8

Un film de F. Gary Gray

Too fast and too curious

Depuis que Brian et Mia se sont rangés des voitures pour mener leur vie de couple, l’équipe de Dominic Toretto a été disculpée. Mais le retour à la vie normale s’arrête brutalement lorsque Toretto trahit ses proches pour intégrer l’équipe d’une mystérieuse terroriste. Face à un nouveau chaos mondial, il va falloir revenir aux affaires et faire vrombir à nouveau le moteur…

Quoi, vous pensiez sincèrement que, si l’on en croit l’affiche, ce nouvel opus allait redistribuer les cartes en mettant la trahison de sa tête pensante au premier plan ? Vous pensiez sincèrement qu’après nous avoir bassiné pendant sept films sur « the most important is family », Vin Diesel (alias Baboulinet pour les intimes et les détracteurs) allait tout à coup se transformer en bad guy ? Vous pensiez sincèrement que cette franchise un million de fois plus pétée de thunes qu’une exposition de Ferrari rutilantes allait prendre fin suite au décès tragique de Paul Walker ? Vous pensiez sincèrement que vous alliez résister à l’envie de voir si la franchise pouvait atteindre un taux de débilité encore plus élevé que la moyenne ? Vous êtes trop mignons… Parce qu’évidemment, rien de tout ça n’est vrai… Si l’épisode 7 aurait pu s’imposer comme une fin solide pour la saga (il aurait mieux valu arrêter les compteurs ici), cet épisode 8 affine désormais la grosse stratégie de Vin Gazole sur sa saga maxi-bankable : renvoyer notre suspension d’incrédulité au fond du réservoir d’essence, histoire de la noyer avec des litres de carburant débilo-beauf qui auront vite fait de faire cramer le moteur. Mieux vaut donc se préparer pour la régression neuronale : elle va être particulièrement sévère…

Plus rien n’a de sens dans cet épisode obnubilé par la quête du too much, et que F. Gary Gray – un tâcheron qui n’a pas un dixième du talent de Justin Lin ou de James Wan – emballe dans une forme excessive à souhait sans prendre le temps de travailler son découpage et sa mise en scène. En gros, ici, les morts d’avant passent leur temps à ressusciter (Michelle Rodriguez n’était que le premier stade dans l’épisode 6), les méchants d’avant deviennent tous gentils en un claquement de doigts (Jason Statham passe du vilain criminel au gentil baby-sitter : vous le croyez, ça ?), et le tracé évolutif de la bande à Vin Sans Plomb n’a désormais ni queue ni tête. Passe encore que la beaufitude génétique de la saga ait encore boosté ses chromosomes, mais il y a quand même des limites : si cela se limite à entendre les blagues sexistes de Ludacris et Tyrese Gibson (tous deux moins drôles que Kev Adams !) sur leur façon de courtiser la bimbo Nathalie Emmanuel, ou encore à voir The Rock et Jason Statham se jauger à grands coups de punchlines ridicules à l’image d’un clash minable entre deux rappeurs au QI de pois chiche, on aurait mieux fait d’arrêter là. Et dire qu’il y a encore deux autres films à se farcir dans les années à venir…

Heureusement, il y a des ingrédients amusants à déguster : une Helen Mirren qui n’en fait décidément qu’à sa tête en matière de carrière (jouer les Ma Dalton saveur sauce à la menthe lui va très bien !), une Charlize Theron royale en méchante perverse aveuglée par son désir de conquérir le monde (alors que sa beauté inouïe s’en est déjà chargée à travers des pubs Dior), une bagarre marrante dans un avion avec le bébé de Vin Kérosène à protéger (c’est notre Jason adoré qui s’y colle !) et surtout une scène d’action assez géniale dans un New York transformé en circuit électrique grandeur nature, où le piratage télécommandé d’une centaine de voitures aboutit à un carambolage XXL, renvoyant celui des "Blues Brothers" au rang de petit accrochage sur une route à 50 km/h. Vous l’aurez compris : "Fast & Furious 8" ne vaut que pour l’action, et rien d’autre.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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