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LA FAMILLE WOLBERG

Un film de Axelle Ropert

Péril en la demeure

Maire d’une petite ville du Béarn, Simon Wolberg donne l’image d’un homme brillant et d’un père de famille comblé. Or la réalité est bien autre, car à force de vouloir tout diriger pour sauver les apparences, Simon voit sa vie de famille partir à la dérive. Dans un ultime sursaut, il décide de renouer avec les siens en organisant une grande fête pour les 18 ans de sa fille...

Dans un décor glacial d’hiver finissant, se trame la tragédie latente d’un homme rattrapé par ses obsessions. Notable continuellement en représentation, Simon Wolberg dirige sa vie de famille comme sa commune, avec poigne et apparat. Hanté par l’image idéale qu’il veut donner de lui, il ment à ses proches autant qu’à lui-même. Une inquisition quotidienne qui engendre l’inévitable : sa femme a un amant, son beau-frère le fuit et sa fille s’apprête à quitter le domicile familiale pour vivre avec son copain.

Axelle Ropert dresse ainsi un portrait de famille sobre et austère submergé par les non-dits,une tragi-comédie où les personnages secondaires volent la vedette au héros. Elle adopte pour cela un traitement quasi-théâtrale où chaque dialogue est posé, presque trop écrit : les enfants, précocement matures, philosophent sur le drame inéluctable qui consume leur foyer, l’amant attend patiemment chez lui que le mari trompé vienne lui casser la gueule, seule la mère est réaliste et veille sur les siens sans pour autant se sacrifier.

La réalisatrice signe ici une œuvre perturbante, car elle va à l’encontre de ce qu’elle laissait présager. Outre le contre-pied scénaristique qui nous annonce une comédie presque légère, alors que le film est tout en retenue voire un tantinet glacial, “la famille Wolberg” surprend par son casting à contre-emploi. François Damiens et Valérie Benguigui, habituellement cantonnés dans des seconds rôles, incarnent enfin des personnages à la hauteur de leur talent. Tout en justesse et perception ils sont le grand atout du film. A leurs côtés, le jeune Valentin Vigourt, sensible et troublant, l’amant “blond” Jocelyn Quivrin (acteur décédé depuis) et le grand père excentrique Jean-Luc Bideau, apportent une remarquable touche finale à cet âpre portrait de famille.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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