FAMILIA
La spirale de la violence conjugale
Luigi (alias Gi) tient la tête de son frère Alessandro, cachant ses oreilles, alors que leur père, Franco, est en train de tabasser leur mère, Licia. Décidée, celle-ci fait changer la porte et se rend à un guichet pour faire enlever Franco du carnet de famille. Mais Franco emmène ses fils en douce à la fête foraine, les garçons mentant alors à leur mère sur leur emploi du temps, prétextant être allés au foot. Peu de temps après, Franco parvient à pénétrer dans la maison, forçant le silence de Licia. Il se réinstalle à la maison…
"Familia" est un drame italien sur l’emprise et la violence conjugale, tâchant de présenter en de nombreuses ellipses, les rouages de la dépendance affective et de l’obsession possessive. C’est ainsi que les aller retour du père semblent comme une fatalité, chaque nouvelle tentative de vie en famille se terminant de la même manière, et chaque prétendu changement de comportement révélant un peu plus les tendances violentes du père. D’abord hors champs, ces violences, perçues dans la première scène par les enfants, cachés, vont en effet devenir de plus en plus concrètes, jusqu’à revenir en flash back sur cette fameuse nuit qui a enclenché un élan de la famille vers une liberté, loin du père.
Mais comme le dit à un moment donné la mère, « on sera jamais libre », les services sociaux comme les procédures de la police semblant incapables d’enrayer ce cycle infernal. Au delà de l’histoire du couple, le scénario, basé sur le roman "Non sarà sempre così" ("Ce ne sera pas toujours comme ça") signé Luigi Celeste, pose également la question de la transmission de la violence, au travers du parcours du fils, Gi, interprété avec force par Francesco Gheghi. Celui-ci a d’ailleurs reçu pour ce rôle le Prix d’interprétation masculine dans le section Orizzonti du Festival de Venise. Un prix fort mérité. Quant à Francesco Di Leva, qui joue le père, il est parfait dans ce rôle de cyclothymique manipulateur, dont les élans de suspicion laissent entrevoir les éclats de violence à venir.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur