F1 LE FILM

La course automobile a toujours passionné le milieu du cinéma depuis des décennies, devenant le sujet de nombreux long-métrages, avec plus ou moins de réussite : "Grand Prix" de John Frankenheimer, "Jours de Tonnerre" de Tony Scott (film produit par Jerry Bruckheimer… qui produit également "F1® Le Film"), "Rush" de Ron Howard ou plus récemment "Rapide" de Morgan S. Dalibert, pour ne citer qu’eux. Où parvient alors à se placer "F1® Le Film" ?

Après avoir envoyé Tom Cruise dans le ciel à Mach 1 dans "Top Gun Maverick", le réalisateur Joseph Kosinski décide de regagner la terre ferme, mais toujours à grande vitesse en plaçant Brad Pitt dans un baquet de Formule 1 à 300 km/h. A y regarder de plus près, ces deux longs-métrages possèdent de nombreuses similitudes. Ils sont portés tous deux par un acteur superstar approchant la soixantaine au moment du tournage. Le scénario les place dans une situation de sauveur, devant réaliser une mission quasi impossible, et ce tout en étant un mentor pour de jeunes recrues. De plus, on retrouve le même dispositif de caméra (avec les mêmes mouvements et angles) dans l’habitacle de la F1 que ceux dans le cockpit des avions de chasse de "Top Gun Maverick", afin de nous propulser au cœur de la monoplace pour vivre au plus près les sensations de vitesse de la course (ce qui est particulièrement réussi). Le circuit de F1 est aussi un lieu de combat comme l’était le ciel pour les pilotes de chasse (le personnage incarné par Brad Pitt ne cesse d’ailleurs de parler de combat pour gagner les courses).

Le scénario de "F1® Le Film" colle à l’asphalte et ne fait jamais de sortie de route, tout est calculé pour nous immerger pleinement dans le milieu de Formule 1 en s’intéressant tout autant à la course automobile (qui constitue de loin les meilleures parties du long-métrage) qu’à la vie de l’écurie et de ses pilotes. De plus, il évite avec intelligence l’écueil d’une fin trop mièvre pour coller à l’obsession de son personnage principal. Toutefois, le côté prévisible d’une grande partie du scénario tend à desservir le projet et ne lui permet pas de dépasser son statut de blockbuster estival. Ainsi s’il emporte l’adhésion sur le circuit, il lui manque une âme pour incarner le reste (le hors course).

La véritable Formule 1 du long-métrage c’est Brad Pitt. Donnant de sa personne, portant le film sur ses épaules, il phagocyte tout ce qui l’entoure ne laissant de place qu’à Damson Idris qui parvient à camper un jeune rookie intéressant. Les seconds rôles, eux, parviennent peu à exister et avoir une pleine consistance, ce qui est dommageable pour un long-métrage de cette durée.

Après 2h35, alors que le drapeau à damier est agité pour nous signifier la fin, c’est un sentiment mitigé qui nous submerge. Ainsi, si "F1® Le Film" est un formidable produit d’appel pour ce sport automobile, (les néophytes de la F1 peuvent y aller les yeux fermés) notamment à travers ses séquences de course, confirmant la stratégie pour rendre ce sport de nouveau populaire (la série "Drive To Survive" sur Netflix y participant également depuis quelques années), d’un point de vue cinématographique, l’ensemble ne dépasse pas la formule d’un divertissement estival de qualité, rôdé, sans artifices, mais manquant d’âme et de fond, l’empêchant de s’installer sur le podium des meilleurs films de sport automobile.