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ÊTRE ET DEVENIR

Un film de Clara Bellar

Un élitisme dérangeant

Clara Bellar donne naissance à son premier enfant. Les années passent et arrive le moment de la scolarisation. Sous l'impulsion de plusieurs de ses amis, la jeune maman décide de s'intéresser au fait de ne pas scolariser son fils. Elle part alors à la rencontre de familles allemandes, françaises et américaines qui ont sauté le pas...

Tout d'abord, il faut remettre les choses au clair. Ce film peut difficilement prendre l'attribut de documentaire. En effet, bien qu'il soulève une idée et un début de réflexion, il ne parvient jamais vraiment à apporter des réponses, ou en tout cas de solides arguments pour étayer son propos. Il faudrait plutôt parler de film d'opinion. Cette production montre le point de vue de plusieurs personnes sur la non-scolarisation des enfants. Et c'est d'ailleurs le même tout au long des 1h40 de ''Être et devenir''. La réalisatrice nous informe grâce à une voix-off qu'elle n'a pas trouvé de famille pour qui l'expérience de la non-scolarisation s'était mal passé. Dur à croire. Ou peut être pas tant que ça lorsque l'on s'intéresse aux personnes qui interviennent. Écrivain, professeur, architecte, informaticien, peintre, on s'aperçoit que Clara Bellar est resté dans un milieu, qui est le sien, assez restreint et élitiste.

Les intervenants viennent alors tous nous dire que la non-scolarisation est une question de choix pas si difficiles à prendre. Comme celui d'arrêter de travailler pour l'un des parents. Mais cette pensée assez indécente ne s'applique pas à n'importe qui. Il est peut être simple pour la femme d'un informaticien de décider de rester chez elle pour partager des expériences avec ses enfants, ça l'est forcément moins lorsque son conjoint est ouvrier. Après, tout n'est pas à jeter, la réflexion autour des problèmes dans l'éducation nationale mérite d'être soulevée. Malheureusement, alors que la cinéaste avait devant sa caméra un bon nombre d'enseignants, aucun n'a vraiment expliqué les différents points négatifs du système scolaire français (entre autres) et ce qu'il pourrait être fait pour les améliorer.

Pour ce qui est de la forme, elle est on ne peut plus basique. Les plans s'enchainent et se ressemblent. En effet, le film est une suite d'interviews de familles, de plans d'illustration montrant des enfants en train de jouer et de s'épanouir, de citations sur l'apprentissage puis de vidéos personnelles. On regrette alors le manque de profondeur sur un sujet pourtant intéressant. À un moment, l'un des interviewés argumente fièrement que Mozart n'était pas allé à l'école. C'est vrai, mais tout le monde n'a pas le génie du compositeur autrichien et, surtout, tout le monde n'est pas né dans une famille de notables...

Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteur

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