ESCAPE FROM THE 21ST CENTURY

Un film de Yang Li

Waaaatchoum !!!

Synopsis du film

En 1999, trois adolescents se retrouvent plongés dans des déchets chimiques qui leur confèrent une capacité unique : lorsqu’ils éternuent, leur conscience voyage 20 ans dans le futur. C’est pour eux le début d’une vertigineuse aventure dont l’enjeu n’est ni plus ni moins que la survie du monde…

Critique du film ESCAPE FROM THE 21ST CENTURY

On nous avait annoncé un concentré anthologique de culture geek capable de concurrencer le "Scott Pilgrim" d’Edgar Wright sur son propre terrain. À l’arrivée, avec encore les jambes qui tremblent et les pupilles dilatées façon stretching, on a surtout un mal fou à se rappeler quand le cinéma chinois avait déjà pu accoucher d’un film aussi dingue. N’ayant failli à aucune de ses promesses, "Escape from the 21st Century", au-delà d’une amplitude de spectacle capable de renvoyer la concurrence au bac à sable, accomplit surtout l’exploit d’empiéter puissamment sur un territoire que seuls une poignée d’élus locaux (surtout Tsui Hark et Stephen Chow) avaient jusqu’ici su investir en tant que maîtres absolus, et dont le seul équivalent récent était pour le coup à mettre au crédit d’un tandem de réalisateurs américains (le fameux "Everything Everywhere All at Once" des frères Daniels). Soit le principe de la centrifugeuse narrative visant à renouveler non-stop un postulat narratif pourtant clair comme de l’eau de roche, et ce par une tornade force 5 de strates narratives en zigzag, de ruptures de ton imprévisibles, de tonalités imbriquées les unes dans les autres et de diffractions identitaires en veux-tu en voilà, le tout sans jamais perdre de vue la portée émotionnelle et dramatique de ses enjeux.

Réussissant à assimiler l’ensemble des cultures cinéma, animation, BD et jeu vidéo dans un écrin forgé autour d’un concept bien allumé (en 1999, trois amis chutent par accident dans une eau chimiquement polluée qui leur donne le pouvoir de voyager 20 ans dans le futur lorsqu’ils éternuent !), Yang Li déballe cinquante idées folles à la seconde et remplit chacun de ses cadres avec une multitude de micro-détails impossibles à embrasser en une seule vision. Fort heureusement, ce feu d’artifice de délires visuels et référentiels ne va jamais de pair avec une structure narrative tirant vers le portnawak. La partition émotionnelle du film relève pour le coup du (très) grand art, et même ses scènes de dialogue les plus simples sont ici rythmées, découpées et scénographiées avec génie, le réalisateur faisant toujours l’effort de transcender son chaos graphique par un travail monstrueux sur la psychologie de ses personnages, avec un sens du burlesque qui touche au faramineux, et assez de niveaux de lectures et d’intrigues cachés pour pouvoir être revu à l’infini… On aurait du mal à élargir davantage notre analyse de ce chef-d’œuvre instantané tant il fonctionne avant tout sur le ressenti immédiat et sensitif. Autant faire simple en incitant le spectateur amateur de sensations fortes à se précipiter en salles sans tarder ni hésiter, histoire d’honorer comme rarement les deux fonctions les plus ancrées et primitives de notre art préféré : vivre et ressentir.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire