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ENTRE SES MAINS

Un film de Anne Fontaine

Entre deux eaux

A Lille, Claire, 30 ans, travaille dans une compagnie d'assurances. Elle mène une vie harmonieuse et sans histoires avec son mari Fabrice et sa fille Pauline. Un jour, elle fait la connaissance de Laurent, un vétérinaire venu la consulter pour une affaire de dégât des eaux. Ils vont bientôt se revoir, au cabinet du vétérinaire, puis au zoo, où Laurent travaille également, et leurs relations vont rapidement prendre un tour plus personnel. Claire, elle, ne peut s'empêcher de faire le rapprochement entre son nouvel ami et ce "tueur au scalpel" qui a déjà égorgé plusieurs femmes dans la région...

Nouveau film d’Anne Fontaine, qui offre à Poelvoorde son premier rôle dramatique à l’écran, Entre ses mains est une sorte de thriller intime où le suspense naît davantage des affects des personnages que des événements rencontrés. En ce sens beaucoup de l’intérêt du film provient de l’improbable duo d’acteurs, présent dans presque tous les plans. Isabelle Carré incarne une femme engoncée dans une vie trop banale, Benoît Poelvoorde un vétérinaire à la personnalité trouble. L’ambiguïté de ce dernier et le mystère sur sa condition de serial-killer sert de pivot à une histoire d’amour impossible où le romantisme âpre côtoie l’horreur sans visage.

Laissant hors champ tout ce qui a trait aux meurtres perpétrés par le tueur, la réalisatrice sème le doute dans les esprits, doute relayé par l’identification à une Isabelle Carré particulièrement touchante. La direction d’acteurs et le jeu de ces derniers portent le film, par ailleurs formellement austère et indigent. Par trop psychologisante et jouant le jeu du whodunit assez artificiel, la mise en scène dessert un scénario intéressant et complexe.

Flirtant avec l’amour et l’ignominie, Entre ses mains ne les dispensent jamais vraiment, exception faite d’une scène de meurtre abrupte et tétanisante. Certes les enjeux du scénario tiennent davantage du relationnel que du spectaculaire, mais l’amour qui étreint et consume les personnages ne nous touche que ponctuellement. Et c’est hélas trop peu pour ce film mollement réalisé, impression appuyée par un final un peu facile qui se complait dans des zones d’ombres souvent esquissées, rarement pénétrées.

Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur

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