EN SORTANT DE L'ÉCOLE : À NOUS LE MONDE !
De jolies sensations en tous styles d'animation
Un recueil de 13 courts métrages illustrant des poèmes autour de la beauté du monde, de la découverte et des sensations…

Tout le monde connaît désormais la série de recueils de courts métrages d’animation illustrant divers auteurs : "En Sortant de l’école". Âpres les poèmes de Prévert, Appolinaire, Robert Desnos et Paul Eluard, ce sont cette fois-ci des poèmes de Jean Tardieu, Claude Roy, Paul Verlaine, Maurice Carême, et d’autres auteurs qui servent d’appui pour des errances humaines, végétales ou animales. Trois films ressortent particulièrement du lot. "Nature", qui ouvre le bal, est une magnifique symphonie d’éléments végétaux qui s’animent en stop motion, pour évoquer un oiseau qui siffle et divers animaux qui jouent de la musique en forêt, autour d’un arbre qui parle. Comme quoi on peut faire des merveilles avec des brindilles, des feuilles ou des graines... "Conquistador" offre un beau rêve, autour du lit d’une petite fille qui s’endort dans des nuances de rose, son lit revêtant des nuances de bleu pour former un paysage maritime sur lequel évolue une souris au casque de conquistador, volant quelques trésors dans la chambre. Les associations de couleurs sont magnifiques. Enfin "Liberté" joue avec habileté sur des impressions de voyage avec des jeux de couleurs, de mouvements et de flous. On en ressort avec des images douces, évoquant les vacances, un simple café, une baignade, un orage...
Parmi les autres courts métrages on notera "Émerveillement" en dessin et aquarelle dans lequel un lapin vole une noisette à un ours. Un affrontement qui se transforme en contemplation collective des beautés de la nuit, les noisettes remplaçant le pop corn. Également au programme "Soleils Couchants", aux aplats de couleurs tranchés, dans lequel un lézard découvre d’autres espèces, fasciné par la couleur rouge qui apparaît au milieu d’une nature embrumée, qu’il s’agisse de fourmis, de hérissons portant des graines, ou de ventres de grenouilles... "Chanson d’Automne" affiche une belle animation en papier découpé multicouches, et suit un vieil agent municipal luttant contre les feuilles mortes, incarnées comme de petites créatures en queue de pie et hauts de formes. Une belle évocation de l’automne. A noter aussi "Les Logements" où le décors est fait de photographies de miniatures, avec des personnages en 2D. Un joli récit sur les interdits, avec les pelotes de laine en symbole du cordon qui relie une mère et sa fille qui grandit et prend son indépendance. "L’Eau discrète", en dessin et tâches de couleurs, dominées par les bleus et vert d’eau, suit des gamins en rando dans un récit minimaliste. "Abri" propose une vision nocturne d’un groupe en camping, qui un soir d’orage joue avec les ombres chinoises sur les tentes, en représentant divers animaux. Enfin "Les Mouettes" prend le parti de la stop motion avec des personnages agrémentés de tissus et cheveux en laine, pour évoquer le contact d’un grand père et sa petite fille avec des mouettes qu’ils nourrissent.
Suit, parmi les quelques films un peu moins réussis, "Le Jardin Perdu", qui met en scène des animaux avec des fruits, et des arbres avec des béquilles cherchant un refuge dans un milieu urbain agressif. L’utilisation des noirs est intéressante, qu’il s’agisse d’effets d’ombres chinoises ou de décors faits de traits blancs. "La Clé des champs" allie peinture et pastels reliant plusieurs animaux en ville pour trouver qui a volé la fameuse clé qui permet d’ouvrir le portail donnant sur la campagne. Le conte se retrouve ici chanté. Enfin, "Le Monde" qui clôt le recueil, adapté de Frédéric Kiesel, et mélange dessin et peinture dans un graphisme un peu enfantin pour conter l’histoire d’un enfant et d’un oiseau bleu dans une végétation foisonnante. Les chenilles y sont stylisées comme des chapelets de billes, les fleurs comme des pétales en mouvements et on peut y admirer un beau paysage d’une île avec des montagnes coniques dans les nuances de bleus. Dépaysant, l’ensemble évoque bien des sensations et des découvertes propres à assurer l’éveil des plus petits.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur