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EN ATTENDANT LE BONHEUR

Une magnifique fresque sur l'exil.

Abdallah, jeune malien, retrouve sa mère à Nouadhibou, petite ville sur une presqu’île mauritanienne, terre d’exil avant son départ pour l’Europe. Condamné au silence, le jeune homme, qui ne comprend pas la langue de ce lieu, essaie de déchiffrer l’univers qui l’entoure : un mélange de communautés qui attendent le bonheur…

Nouadhibou est ce que l'on appelle une ville de transit, une ville où les gens résident quelque temps avant de partir vers un ailleurs, en attendant le bonheur. Au Mali, ce genre de ville porte le nom de heremakono qui signifie en attendant le bonheur. C'est bien de cela qu'il s'agit : d'attente de partir, d'attente de bonheur, de douleur, de fantasme, de désir. Les personnages n'ont ici ni d'avant ni d'après, juste un présent auquel le spectateur assiste, prend part…

Sissako filme ainsi la vie, les mouvements de ces communautés qui se croisent et se décroisent dans ce petit village de Mauritanie sans détails superflus, sans intrigue. Condamné au silence, Abdallah ne peut qu'écouter et regarder. Incompris et privé d'un des codes principaux d'intégration, le regard devient alors son mode de communication. Plus attentif, son regard croise celui d'une petite griotte, d'un enfant qui se rêve en bleu d'électricien…

L'initiation à la vie est récurrente tout au long du film : le maître qui enseigne le chant à la griotte, Maata l'électricien qui enseigne son métier à son disciple, ce même gamin qui enseigne le dialecte de Nouadhibou à Abdallah. Pour Sissako, la transmission du savoir est une métaphore de la vie, exprime que tout ce qu'on fait est répétition, que l'on tente toujours de reproduire ce qui nous fascine.

Sissako délivre au spectateur une invitation à la contemplation, une ballade poétique à travers les dunes du désert. Il livre au spectateur une sensible peinture de la douloureuse errance de ces gens, de leurs fragiles espoirs. C'est superbe, lent, mais réservé toutefois à un public d'initiés.

Lisbeth LanversEnvoyer un message au rédacteur

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