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ELSER, UN HÉROS ORDINAIRE

Récit académique mais efficace d'un refus de l'embrigadement

Le 8 novembre 1939, l’Allemand Georg Elser a tenté d'assassiner Hitler, alors qu'il s'adressait à des dignitaires nazis à Munich. Malheureusement, le Führer est parti 13 minutes plus tôt pour l'aéroport, du fait d'un important brouillard faisant échouer sa tentative...

Dans une intense et minutieuse introduction, Oliver Hirschbiegel décrit la pose de la bombe qui aurait pu tuer Hitler avant même qu'il ne déclenche la seconde guerre mondiale. Il suit dans ses moindres gestes Elser, citoyen allemand, capte sa sueur, ses tremblements, alors qu'il règle le mécanisme et dépose les explosifs. Ceci jusqu'à son arrestation, alors qu'il tentait de franchir la frontière, avec malheureusement sur lui, un plan du lieu où était intervenu le Führer.

Installant malgré tout un suspense, alors que chaque spectateur connaît la suite des événements, le récit se focalise avant tout sur l'espoir, en évoquant par ellipses l'arrestation des proches (bruits de véhicules au loin, visages inquiets...) et la tranquillité de l'homme au sentiment de devenir accompli. Montrant l'homme en train de chantonner, le réalisateur nous ouvre la mémoire de ce dernier, miroir de ses espoirs, au travers de souvenirs lumineux de l'été 32, d'un amour naissant, aux couleurs exacerbées. Ceci avant de mieux refermer cette page sur ce que sera la réalité dépeinte dans son film.

Alternant entre scènes d'interrogatoires ou de tortures, et récit d'un passé peu lointain, le film raconte le refus de l'embrigadement, la prise de conscience du danger totalitaire, et au final l'absurdité d'un régime qui cherche à écrire ses propres vérités. Il donne à voir le destin hors norme d'un homme qui a agi seul, face à une machine de propagande qui voudrait lui faire avouer des complicités qui arrangent. Et par quelques plans simples, Oliver Hirschbiegel réussit à condamner la passivité de son peuple, à l'image de cette femme qui lit dans le couloir, entend les cris sourds et les gémissements d'un homme torturé, et qui finalement regarde ailleurs. Une œuvre certes un rien académique, mais nécessaire, par l'auteur de "La Chute".

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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