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EL DIABLO FUMA

Somebody Knows

Ils sont cinq enfants, dont trois sœurs et deux frères, à être gardés par leur grand mère lorsque les parents sont partis travailler loin. Le probleme est que cette grand mère est schizophrène et que derrière les moments heureux entre enfants, c’est une dure réalité qui s’affiche…

Difficile à la vision du très beau "El Diablo Fuma", de ne pas penser à l’un des premiers films du japonais Kore-Eda, "Nobody Knows", dans lesquel un groupe d’enfants se retrouvait seul dans un appartement et devait se débrouiller pour tout gérer. Mais bien entendu avec ce film mexicain, meilleur premier long métrage au dernier Festival de Berlin, c’est un autre contexte qui est posé, de couleur et de chaleur d’abord (la photographie est d’une qualité exceptionnelle), parce rodent dans le quartier des personnes dangereux, parce que les services sociaux se doutent de la situation véritable, mais aussi parce que le comportement de leur grand mère, supposée les garder, n’est pas à même d’arranger les choses.

Car dans ce joyeux bordel décrit ici, dans lequel une poule semble symboliquement picorer un mur au début du film, où les petits créeront un trou, enlevant brique après brique, pour passer ponctuellement à l'extérieur, les enfants, parfaitement castés et gérés dans de nombreuses scènes de groupe, la joie alterne avec l’inquiétude . Une inquiétude liée à un possible enlèvement (la présence dun dealer avec sa voiture de sport en face de la maison semble une menace), ou à une envisageable intrusion, qui provoque des crises de panique chez la grand mère, bien représentées par un travail d’atténuation du son et d'instabilité de l'image. À la fois festif et anxiogène, le récit se pare de détails au départ étranges, comme la multitude de rubans tue-mouche suspendus aux plafonds, ou la pose de papiers journal ou colorés sur les fenêtres, venant créer une ambiance surnaturelle à même de masquer la réalité de la situation de pauvreté et d’état sanitaire décrite ici. Avec une dose d’humour impulsé par les petits, "El Diablo Fuma", filmé a hauteur d’enfants, constitue un regard pertinent et touchant sur cette fratrie dans une situation aussi solidaire qu'alarmante.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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