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EARWIG

Une ambiance envoûtante et mystérieuse

Dans un grand immeuble isolé, un homme s’occupe d’une petite fille, recluse dans son appartement, à laquelle il refait chaque soir sa dentition de glace. Recevant régulièrement des coups de téléphone d’un « Maître », s’enquérant de la santé de la fillette, ce dernier lui demande de préparer celle-ci et de la « livrer » sous 13 jours…

Earwig film movie

Récompensé du Prix spécial du jury au Festival de San Sebastian 2021, "Earwig" trouve enfin, un an et demi après, le chemin des salles françaises. Cette adaptation du roman de Brian Catling, que l’auteur qualifie lui-même de « transmutation », est signée par Lucile Hadzihalilovic, réalisatrice capable de créer des univers étranges et ensorcelants, qui lui sont propres (voir ses précédents longs, comme "Innocence" et "Evolution"). Construisant ici, et parvenant à maintenir, même dans les quelques moments extérieurs à l’appartement (un bar, un parc, l’intérieur d’un train…), une ambiance claustrophobe, la réalisatrice invite le spectateur dans une histoire qui stimule son imagination, mais le laissera sans doute avec plus de questions en tête que de réponses.

"Earwig" mêle dans son récit les thématiques du deuil et de la monstruosité, formant une sorte de conte gothique de très belle facture. Il allie dans l’étrangeté, une mise en scène visuellement très riche (jeux sur les reflets, gros plans perturbants, décors aux détails évocateurs…), une musique lancinante et le comportement tourmenté du personnage principal. L’utilisation d’un éclairage naturel pour les sombres intérieurs, le travail impressionnant sur le son, se marient ainsi merveilleusement avec des figures classiques de récits démoniaques (le chat noir, l’homme proposant une sorte de pacte, le serviteur mystérieux…). Porté par deux interprètes au diapason de cet étrange univers (Paul Hilton, incarnant l'angoissante instabilité d'Albert Scellinc, et Romane Hemelaers, dans le rôle de Mia) "Earwig" croise deux histoires dont on ne sait laquelle existe vraiment, ni, au départ tout au moins, quelles sont leurs temporalités respectives. Se perdant dans les méandres de ce conte dérangeant, le spectateur, projetant du même coup ses propres peurs sur cet obscur récit, en ressortira troublé.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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