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DU VENT DANS MES MOLLETS

Un film de Carine Tardieu

Le tourbillon de la vie

Rachel est enfant unique. Petite fille angoissée à l’approche de la rentrée, elle ne peut s’empêcher de dormir avec son cartable. Sa mère décide alors de la faire suivre par une psychiatre. Mais c’est sans compter sur l’arrivée de Valérie, une nouvelle camarade de classe énergique et effrontée, grâce à laquelle les soucis de la petite fille vont vite se régler…

Cinq ans après « La Tête de maman », Carine Tardieu nous propose une belle histoire de famille basée, une nouvelle fois, sur l’épineuse relation passionnelle qui unit une mère à son enfant. Petite fille discrète, Rachel se trouve bien malgré elle à l’épicentre d’un nœud de désillusions et de non-dits qui déstabilisent son univers familial. Fille unique, elle doit gérer seule un père rêveur, rescapé d’Auschwitz, et une mère possessive, en continuelle quête de reconnaissance vis-à-vis de sa propre mère, une grand-mère qui jadis privilégia les hommes à son devoir maternel et qui, à présent, vit murée dans les regrets et une semi paralysie physique. Il faudra l’intervention de deux personnages extérieurs pour libérer la petite fille de ses angoisses feutrées : une psychiatre (la charismatique Madame Trebla) et Valérie, une petite fille intrépide et fantasque issue d’une famille monoparentale totalement permissive.

C’est autour de cette joyeuse galerie de portraits que Carine Tardieu construit son adaptation de la bande dessinée de Raphaële Moussafir. Une narration revisitée avec l’auteure elle-même, qui séduit dès les premières minutes avec son ton énergique et savoureusement drôle. D’emblée, les personnages secondaires imposent leur caractères hauts en couleur, afin de dessiner toute la richesse et la complexité de l’environnement de Rachel. Les scènes fourmillent de détails caustiques (parfois légèrement anachroniques), enrichissant le récit d’une charmante fantaisie. Petit à petit, les fillettes reviennent au premier plan pour laisser exploser toute l’excitation d’avoir chacune trouvé l’âme sœur. Le film perd alors un peu de sa subtilité, en se laissant déborder par l’énergie des enfants. Heureusement cela ne dure pas, et la dernière partie retrouve cette part d’introspection qui fait l’essence-même du film.

Joliment construit et brillamment interprété, « Du Vents dans mes mollets » dépeint avec tendresse les destins croisés de personnes qui se considèrent comme « ordinaires ». Il suffit pourtant d’une rencontre entre deux enfants pour cristalliser les faiblesses des deux familles et rendre à chacun sa singularité. Loin d’être caricaturale, la réalisatrice parvient à révéler la part d’ombre de chacun dans le sens positif du terme. Les sentiments émergent à tous les degrés. Amis, amours, parents, chacun règle comme il le peut son ressenti pour se libérer un tant soit peu de ses craintes. C’est d’ailleurs ainsi que Rachel présente l’histoire dans la première scène, quand elle annonce à son journal qu’elle vient de vivre sa plus grande angoisse. Voilà donc un film qui, sous ses atours de comédie familiale nostalgique, insuffle une atmosphère, poignante et sincère… telle l’agréable sensation de sentir le vent dans ses mollets.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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