DROP GAME

Un film de Christopher Landon

Dodo Game

Après une rupture difficile, Violet se concentre sur sa vie professionnelle et l’éducation de son fils, Toby. Elle se rend compte que la solitude lui pèse et, soutenue par ses proches, elle décide de se lancer dans les applications de rencontres. Et ça tombe bien puisqu’un charmant photographe du nom de Henry tombe sous son charme. Ce soir c’est leur premier rendez-vous et tout a été prévu : restaurant chic, vue sur la ville, tenue de soirée… Mais c’était sans compter sur les messages incessants d’un illustre inconnu, qui vont contraindre Violet à se prêter à un jeu dangereux…

Si on s’était arrêté au générique de début de ce "Drop Game", peut-être que la note allouée au film aurait été plus élevée. Vous en connaissez très certainement aussi de votre côté, des films qui ont un générique d’introduction beaucoup plus intéressant que le reste du long métrage... C’est hélas le cas ici, où après une entrée en matière très visuelle (tiens tiens comme le générique de "Destination Finale 5"…) portée par la musique du toujours efficace Bear McCreary ("10 Cloverfield Lane", "Godzilla 2"…), le programme déroulé n’est qu’un assemblage de scénettes censé fournir de l’exposition, de la caractérisation et du soi-disant du suspens.

Même si le film de Christopher Landon ("Happy Birthdead" 1 et 2 pour citer les moins pires de la filmo du garçon) rentre directement dans le vif du sujet sur ce qui s'apparentera à un flash-back, avec cette scène de violence domestique qui tourne à la tragédie, il se repose purement sur une quarantaine de minutes d’exposition avant que les choses intéressantes ne commencent. En dehors de l’aspect superficiel et toc de l’ensemble (de la photographie en passant par le jeu des acteurs), le film se permet de se couvrir d’un vêtement Post #MeToo avec cette héroïne meurtrie et traumatisée par les violences de son ex-conjoint et qui n’arrive tout simplement pas à faire confiance de nouveau. Ce qui est sur le papier une caractérisation intéressante n’est à l’écran qu’un simple cochage de cases qu’un algorithme pourrait dicter en fonction de ce qui est tendance ou non.

Le je-m'en-foutisme total de la mise en scène et de la narration pour exprimer la trajectoire de son héroïne fera bondir un temps de son siège jusqu’à que Morphée nous rattrape et nous emporte dans ses bras. À partir du moment où Violet reçoit des drop (sorte de MMS XXL), les situations imaginées autour de ce petit concept risible sont beaucoup trop classiques pour faire leur effet, avec ce leitmotiv vieux comme le monde « n’importe qui peut être suspect ». Entre effets de manches scandaleux pour nous faire avaler la pilule et déballage de tics de narration hérités des pires séries TV du début des années 2000, le scénario qui avance par bout de chandelle ne vous évoquera plus grand chose après l’énième stéréotype ou motif de suspense vu, revu et recraché n’importe comment.

C’est seulement dans ses 15 dernières minutes que le film se réveille (va bien falloir amener tout ça quelque part) et déjà spoilé de son plan le plus inspiré et spectaculaire dans la bande annonce. Le spectateur peut alors sortir de sa torpeur pour se retrouver ici ce qu’on aurait aimé voir tout du long : un pur produit de divertissement tendu, au scénario invraisemblable digne des films d’actions des années 90. La société de production Blumhouse, responsable d’innombrables immondices sur nos écrans et d’une perle par-ci par-là, a donc encore récidivé. En pensant tenir là leur prochain petit film à gros concepts, la firme se plante une énième fois en poursuivant son pillage de la culture populaire pour régurgiter un monstre de Frankenstein balbutiant et difforme. Si on pense au génial "Phone Game" du regretté (et bon faiseur comme technicien) Joel Schumacher avec Colin Farrell qui est un exemple de tension, de forme et de fond en adéquation avec son sujet, nous sommes à dix milles lieux du film à concept qui parvient à faire quelque chose de son intrigante idée de départ. Quand on constate la résolution finale, avec le pourquoi du comment, on se dit que tout ce beau monde s’est bien ennuyé pour rien. Et nous aussi, pendant 1h40.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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