DREAMS IN NIGHTMARES
Un manque de clarté qui rend le voyage en partie laborieux
Trois amies afro-américaines trentenaires, queer, parcourent les États-Unis en espérant retrouver l’ancien-ne amant-e de l’une d’entre elles, qui a disparu-e des radars. Partant de Brooklyn, elles prennent la route pour Pittsburgh, l’Iowa, Kansas City, faisant à chaque fois escale auprès de connaissances, en espérant retrouver une trace de Kel…

L’introduction des personnages est sans doute volontairement succincte. Mais il n’est pas évident pour le spectateur de s’y retrouver, ni de comprendre de prime abord ce qui va motiver ces amies à prendre la route, pour finalement rechercher une quatrième personne. Il y a donc Zuleka (alias Z), qui est professeure à Los Angeles et vient de se faire renvoyer, Sasha consultante à Brooklyn qui vient aussi de perdre son boulot, et Lauren, femme transgenre poète, qui vit avec une femme. Toutes sont femmes ou femme-trans, lesbiennes ou bisexuelles, et partent à la recherche de Kel, intersexe, que l’on comprend avoir été l’amante d’une d’entre elles, grâce à un flash-back sur leur rencontre. Et d’emblée, la mise en scène appuie lourdement sur certains aspects d’union ou de communion, comme un baiser filmé au ralenti, accompagné de rythmes tribaux.
Si la rencontre avec les parents insouciants de la personne recherchée, à Kansas City, est un réel moment de tension, au travers notamment d’une scène de repas, elle permet aussi d’y voir un peu plus clair concernant le but de ce road trip. Chaque conversation au téléphone avec Kel, est représentée avec des couleurs chaudes, donnant la sensation d’une proximité physique, car figurant finalement un souvenir en parallèle de la conversation. Malgré une approche originale en termes de fond social, sur la situation des personnes queer afro-américaines dans les états traversés, "Dreams in Nighmares" nous perd un peu avec le symbole d'une porte donnant sur des prés, figure récurrente que Z ne parvient pas à franchir. Un symbole qui restera trop abstrait pour réellement toucher, d’autant que les premières images, superposées à des personnes noires faisant la queue, comme l’utilisation répétée (au delà des influences de harpes) de rythmes tribaux, suggèrent un discours politique et identitaire de fond qui restera finalement assez abstrait. À trop jouer les puzzle d’identités diverses, "Dreams in Nightmares" finit par nous égarer, malgré son casting fort et sa quête d'un lieu où parvenir être soi-même.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur