DOUNIA, LE GRAND PAYS BLANC

Un film de André Kadi

Après l’exode, un exil enrobé d’une douceur hivernale

Dounia, petite fille syrienne ayant réussi à quitter Alep et émigrer au Québec avec sa grand-mère et son grand-père, découvre la vie dans des contrées enneigées, en même temps que les cultures locales. S’étant fait comme amie la petite Rosalie, elle espère que son père, disparu, parviendra à les retrouver même s’il doit traverser la terre entière…

Après le très touchant "Dounia et la princesse d'Alep", sorti début 2023, qui contait le long périple d'une famille syrienne pour fuir la guerre et se retrouver en sécurité, le metteur en scène André Kadi poursuit seul les aventures de la petite Dounia et ses grands parents. Cette fois-ci, l'intrigue se déroule en sédentaire, dans un petit village isolé de Mauricie au Québec, avec comme le dit Dounia au début, dont la voix-off reviendra régulièrement, « un magasin général » et « des maisons éloignées les unes des autres ». Faisant la part belle à la présence de la nature, même en apparence figée par le froid (quelques oiseaux sont toujours présents, et serviront de transition avec la Syrie), le film aborde à la fois des questions d'entraide (les parents de Rosalie, devenue amie avec Dounia, leur ont prêté leur maison), d'intégration, d'acceptation des différences de cultures et de respect des nations autochtones.

Après un cauchemar saisissant, en noir et blanc, rappelant la situation du père, l’intrigue attendue (alternance de scènes au Québec et du parcours du père en Syrie, à la recherche de sa fille) est relancée par une tempête de neige, quelques personnages des premières nations, ainsi que la présence d'un mystérieux homme loup-garou vivant isolé du village, qui permettront de faire passer quelques valeurs positives sur la considération des gens différents. Fustigeant les contes inventés « pour entretenir la peur de l'autre », "Dounia, le Grand Pays Blanc" s'inscrit en exact opposé, comme un film rassembleur, à hauteur d'enfants, dans lequel on apprend des choses sur la faune (ratons laveurs, renards, piverts...) ou les spécialités locales (la manière de faire bâtonnets glacés au sirop d'érable...). Alors, même si certaines frontières sont ici franchies avec un peu trop de facilité, embarquez sans hésiter pour les nouvelles aventures de Dounia, fillette à la grande tignasse noire constellée de petits points blancs, tels des étoiles, ayant laissé son cœur en savon d'Alep, bien loin, avec son père, qu’elle croit guidé par ses battements de cœur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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