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DOLLHOUSE

Un film de Kirsten Sheridan

Chronique d’une jeunesse désœuvrée

Cinq jeunes décident de passer une soirée dans une maison où ils vont tout se permettre et repousser toutes limites…

Kirsten Sheridan nous offre un film explosif et déganté ! Le spectateur se retrouve embarqué dans une soirée détonante, dans une maison où cinq jeunes britanniques entrent par effraction pour y faire la fête et bien plus encore. Cette soirée improvisée prend des airs de défouloir général à travers le saccage des lieux, qui laisse très vite transparaître une explosion de sentiments et de souffrances chez ces adolescents, qui flirtent avec les interdits et repoussent tout au long du film leurs limites.

La force du film provient à la fois d’un montage dynamique, d’une musique énergique et de scènes chocs, résultant en une instabilité constante qui met le spectateur sous tension avec le sentiment que tout peut arriver à tout moment, même le pire ou l’impensable. La réalisatrice filme au plus près la bande d’adolescents et nous fait vivre avec eux le déroulement de cette soirée remplie de surenchères et de rebondissements. Elle parvient également à nous faire ressentir le mal être et la situation difficile de ces jeunes, dont on n’apprendra rien hormis quelques éléments sur le personnage principal Jeannie, celui-ci étant amené à se dévoiler au fil de la nuit et des événements.

Kirsten Sheridan réalise un film entier qui montre avec énergie et sans tabous la complexité de la période de l’adolescence. On trouve des scènes dures où la situation peut déraper à tout instant, comme celle où Jeannie bad-tripe sur un air de musique envoûtante signé Death in Vegas. Mais le tout est contre balancé par des moments poétiques et légers, comme la séquence dans laquelle tous les meubles d’une chambre se retrouvent fixés à l’envers à la manière d’un tableau de Daniel Spoerri.

En voyant « Dollhouse », on retrouve un visage de la jeunesse décomplexée des séries anglaises « Skins » (Jamie Brittain et Bryan Elsley) et « Misfits » (Howard Overman), avec un regard sur ses dérives comme dans le film « Bully » (Larry Clark) et sa potentielle violence dans « Funny Games » (Michael Haneke). Malgré une surenchère un peu exagérée lors de la scène finale, « Dollhouse » se révèle un très bon OVNI cinématographique qui pourrait bien devenir culte auprès de la nouvelle génération de teenagers.

Olivier BeorchiaEnvoyer un message au rédacteur

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