DIMANCHES

Un film de Shokir Kholikov

Délicat portrait d’un vieux couple ouzbek

Dans un village ouzbek, un couple âgé vit dans des conditions sommaires et traditionnelles. Contre leur volonté, leurs fils leur offrent du matériel technologique plus moderne (gazinière, télé…) et veulent détruire une annexe de leur maison pour en construire une nouvelle…

Dimanches film movie

Si vous aimez l’Ouzbékistan* ou si, plus largement, vous avez soif d’ailleurs cinématographique, il faut saisir cette occasion rare de voir un film ouzbek en salles ! Notons que les repères culturels ne sont pas indispensables pour apprécier ce récit dont les rouages et thèmes sont universels. Le seul aspect possiblement rebutant réside dans la qualité des dialogues, tant pour le jeu que pour leur qualité sonore, qui peut rappeler l’artificialité de certains films de Bollywood (dommage car cela tranche avec les autres aspects sonores). L’image, en revanche, est de très grande beauté et contribue à donner l’impression de voir un film d’Abbas Kiarostami.

Car c’est bien au côté de la nouvelle vague iranienne qu’on pourrait classer "Dimanches", premier long métrage de Shokir Kholikov, cinéaste trentenaire à l’avenir prometteur. Avec un rythme lent, le film s’attarde sur les gestes, les visages ou les objets pour nous familiariser avec ce vieux couple, formé d’un homme assez bougon et taiseux, macho par tradition plutôt que par conviction, et d’une femme pleine de douceur et parfois de malice. Avec une économie de moyens, le réalisateur met à profit ses choix de cadrage, usant intelligemment du hors champ, des mouvements de caméra et de la profondeur de champ, faisant aussi une utilisation parcimonieuse d’un humour délicat tenant à la fois du burlesque et du running gag.

Montrant en même temps le décalage entre les générations, l’absurdité de la modernité, le sentiment d’abandon, ou encore la possible complicité au sein d’un vieux couple, Shokir Kholikov signe une œuvre à la fois tendre et mélancolique, qui peut aussi faire penser aux films d’Ozu.

* L’auteur de ces lignes y a vécu un an donc est ravi…

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire