DIE, MY LOVE

Un film de Lynne Ramsay

Une Jennifer Lawrence magistrale

Synopsis du film

Dans un coin de campagne isolée, un jeune couple prend possession d’une maison pour s’y installer et fonder une famille. Le premier bébé arrive rapidement, les psychoses de la mère aussi…

Critique du film DIE, MY LOVE

Retour à Cannes, en 2025, pour la réalisatrice britannique Lynne Ramsay qui avait été remarquée avec son deuxième long-métrage "Le Voyage de Morvern Callar" (en 2002) à la Quinzaine des Cinéastes, après que "Ratcatcher" fut quant à lui accueilli à Un Certain Regard, en 1999. Son dernier passage cannois côté compétition remonte à 2017 avec "A Beautiful Day" (et un Prix du Scénario), mais elle était déjà venue concourir pour la Palme d'or avec "We Need to Talk About Kevin", en 2011 (mais repartie bredouille). "Die, my love" n’aura pas non plus séduit les membres du jury 2025, ni tous les festivaliers non plus ! Il faut dire que le sujet de ce nouveau film est lourd, chargé, puisqu’il traite frontalement de la dépression post-partum, entre déclenchement de troubles bipolaires et frustration sexuelle, et de comment cela peut impacter la vie du malade et celle de ses proches.

La réalisatrice Lynne Ramsay embrasse pleinement son sujet quitte à nous faire perdre nous aussi la tête ! Le film débute par une très belle première séquence dans laquelle un couple emménage dans la maison d’un oncle décédé. Une séquence sur fond de vacarme musical qui donne au couple des envies de bébé. C’est osé, énergique, mais il n’y a pas que ces deux-là qui sont en feu dans le film, la forêt aussi brûle, sauf qu’on est ici projeté dans un imaginaire symbolique surprenant, sorte d’état d’esprit de la femme dont le film s’acharnera à nous retranscrire les émotions, les émois, les états d’âme et son état tout court, car "Die, my love" analyse le mental d’une femme à l’équilibre chamboulé… Cette femme c’est Grace, interprétée par la star de "Hunger Games", Jennifer Lawrence. Avec Robert Pattinson (héros d’une autre franchise, "Twilight", et du dernier vengeur masqué "The Batman"), ils forment un couple torride à l’écran, à l’alchimie parfaite, mais bientôt confronté aux troubles de l’épouse qui la bouffent de l’intérieur (et ça se voit à l’extérieur !).

Ici encore Jennifer Lawrence est magistrale. C’est une desperate housewife qui tourne comme un lion en cage dans cette maison qui n’est rien d’autre que son cercueil. C’est une vraie lionne, puissante et sauvage, qui rugit à son mariage, se fait les griffes sur le papier peint du mur et se déplace à quatre pattes comme un félin chasse sa proie. C’est peu dire que pour ce rôle Jennifer Lawrence a mangé du lion ! Il en faut de la force et de l’énergie pour jouer une femme dépressive qui se donne du plaisir à même le sol un couteau à la main, se cogne la tête brutalement contre un miroir, passe à travers une porte-fenêtre ou saccage une salle de bain… À côté de ce fauve en rut – avec un rôle plus en retrait, presque effacé, malheureusement – Robert Pattinson passe plutôt pour un chaton ! Il subit son épouse, véritable tornade en proie à de violents hauts et bas, et à une apparente une addiction au sexe.

Côté réalisation, Lynne Ramsay enfonce le clou de l’anxiété en usant du format 4:3 pour amplifier la sensation d’étouffement et de mal-être du personnage principal. Elle joue sur les sautes d’humeur de cette femme au travers d’une alternance de scènes d’exposition qui passent du jour à la nuit et où la photo est tantôt d’une lumière aveuglante tantôt sombre comme une nuit d’encre. Le beau travail sur le son fait aussi son effet, avec des chansons entêtantes, des musiques oppressantes, des aboiements ininterrompus, des bourdonnements incessants de mouches… aggravant les écarts d’humeurs et l’anxiété de Grace. Mais la réalisatrice n’en fait-elle pas un peu trop ? Et un peu trop longtemps ? Les deux heures de film s’avèrent également dures voire pénibles pour le spectateur. Les frasques de Grace et les effets de mise en scène fatiguent à la longue, annihilant malheureusement le plaisir total de la projection.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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