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DIE HARD : BELLE JOURNÉE POUR MOURIR

Un film de John Moore

Papy McClane fait de la résistance

Le fils du superflic John McClane semble avoir de gros ennuis. Il vient d’être arrêté à Moscou après avoir abattu de sang froid un homme dans une discothèque. Mais, infiltré par la CIA, son but était en fait de se retrouver près de Youri Komorov pour le libérer de prison et le faire sortir du pays avec un dossier compromettant pour le candidat à la Défense russe qui cherche également par tous les moyens à remettre la main sur le précieux objet… John McClane arrive donc tout penaud à Moscou pour tenter de faire sortir son fils de prison et va se retrouver embringuer dans une nouvelle aventure qui le conduira de la capitale russe jusqu’à Tchernobyl…

Voici le quatrième retour de John McClane, le flic le plus zélé de New York, avec ses manières bien à lui de résoudre les enquêtes menaçant la vie de ses concitoyens, qu’il se trouve dans une tour où sa femme est prise en otage (« Piège de cristal »), dans un aéroport avec sa femme dans un avion (« 58 minutes pour vivre »), dans les rues de Big Apple aux côtés de Samuel L. Jackson (« Une journée en enfer ») ou quinze ans plus tard remis au goût du jour avec les nouvelles technologies (« Die Hard 4 : retour en enfer ») et aujourd’hui dans un cinquième volet aux prises avec un ennemi qui veut déclencher une guerre nucléaire…

Il faut bien le dire, McClane est un héros de notre enfance ou adolescence, pour qui est né dans les années 70. Son charisme et son humour sont ses principaux atouts. Certes, ce sauveur du monde, simple flic, antihéros par excellence, à qui il arrive les pires ennuis, s’en sort toujours après avoir dégommé le maximum de méchants mais de quelle manière : les pieds en sang, la tronche en biais, son couple en crise et… le sourire aux lèvres. Après une première trilogie à succès, les nouvelles suites n’ont malheureusement pas été au niveau espéré. Certes, « Die Hard 4 » ne déméritait pas, avec ses scènes d’action et son humour de haut vol, mais force est de constater que sur le papier, l’intérêt pour l’histoire et la qualité du scénario commençaient à décliner… Des faiblesses qui se confirment pour « Die Hard 5 ».

Ce cinquième volet débute à Moscou avec un clin d’œil à Garry Kasparov en mettant en scène un Youri Komorov, emprisonné, jouant aux échecs, et empêché par un pouvoir russe corrompu de parler librement. « Die Hard 5 » se revendiquerait-il comme un film politique militant pour la liberté d’expression en Russie ? Calmons-nous : on comprend assez vite que le clin d’œil s’arrête là pour laisser rapidement place à un scénario beaucoup plus traditionnel sur l’opposition d’un puissant qui cherche à extirper d’un ancien camarade une information qui pourrait lui nuire. Soit une tripotée de méchants russes armés jusqu’aux dents, face à deux justiciers américains : un père et son fils qui vont devoir apprendre à travailler ensemble alors que tout les oppose, le paternel n’ayant jamais été là pour son rejeton qui lui en veut à mort…

Le réalisateur se contentera donc de nous déverser deux types de scènes tout au long du métrage : les bastons, les accidents de voitures, les tirs aux missiles, les canardages et les explosions, avec avouons-le une certaine efficacité. John Moore fait ainsi de Moscou une véritable casse automobile. Toutefois, le spectateur se pose rapidement cette question : « Mais que fait la police ? » On compte facilement combien de voitures de flics interviennent dans toute l’histoire : une seule ! De quoi permettre à McClane père et fils de faire de Moscou un terrain de jeu qui ravira probablement les acquéreurs du futur jeu vidéo tiré du film ! Autre invraisemblance : on sait Bruce Willis invincible, mais se sortir de deux accidents de voitures sans égratignures, cela tient de la magie du cinéma !

Parallèlement, le film développe la relation entre le père et son fils, qu’on comprend difficile dès le début, John Junior traitant son père comme n’importe qui en l’appelant par son prénom. Il faut dire que les papouilles dans la famille McClaine sont rares surtout entre deux mâles qui se tiennent têtes tels deux coqs dans une basse-cour. C’est là que le film tombe dans le sirupeux et le conformisme avec les attendus « Je t’aime fiston », « Moi aussi papa », soulignés par cette morale très inventive du « Il n’est jamais trop tard pour recoller les morceaux ». « Die Hard 5 » s’en tient là pour le scénario qui emmènera tout de même le clan McClane jusqu’aux abords de la centrale nucléaire de Tchernobyl… [attention spoiler incroyable] où ils vont bien entendu dégommer tout le monde, tout détruire et s’en sortir avec deux ou trois bleus. La saga Die Hard est donc devenue ce qu’il y a de plus bourrin au cinéma comme dans (presque) tous les films où Bruce batifole en ce moment : les « Expendables » et autres « GI Joe » en tête… À l’image de son héros, elle fatigue sévère avec son quart de siècle au compteur (le premier volet était sorti en 1988)… Il ne fait vraiment pas bon vieillir.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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