DESERT ROAD

Un film de Shannon Triplett

La boucle en boucle

Synopsis du film

Après un accident de voiture en plein désert, une femme marche sur la route en quête d’assistance. Mais avant même d’atteindre son but, elle se réveille de nouveau dans sa voiture. Serait-elle piégée dans une boucle temporelle ? Et si oui, comment s’en sortir ?

Critique du film DESERT ROAD

Ne jamais survendre un film… Ne jamais survendre un film… Pari impossible, me direz-vous, mais comment y parvenir dès lors que le coup de cœur subjectif met à mal tout espoir d’objectivité et/ou de consensus ? C’est l’expérience à laquelle il a hélas fallu se confronter avec "Desert Road", auréolé depuis deux ou trois passages en festivals (dont les récentes Hallucinations Collectives de 2025) d’une aura de petite pépite jubilatoire, et ce en dépit du peu d’informations à disposition – le film n’a pas d’affiche ni de bande-annonce à l’heure où nous écrivons ces lignes. Pour tout dire, l’idée de retomber une fois de plus sur un canevas à base de boucle temporelle nous incitait plutôt à la méfiance, surtout dans la mesure où d’autres films plutôt jubilatoires se sont fait récemment remarquer dans l’actualité cinéphile (notamment les nippons "Comme un lundi" et "En boucle") et que bon nombre d’autres péloches, du méconnu "Rétroaction" de Louis Morneau jusqu’au définitif "Triangle" de Christopher Smith, nous donnaient surtout l’impression d’avoir déjà fait le tour de la question.

S’il n’a fondamentalement rien de raté ni de honteux en soi, le premier film de Shannon Triplett – qui a déjà roulé sa bosse en tant que collaboratrice récurrente sur les films de Gareth Edwards – ne risque cependant pas de faire changer d’avis tous ceux – dont l’auteur de ces lignes – qui ont fini par en avoir un sadoul de ce genre de postulat spatiotemporel. Imaginez que vous roulez en plein désert, et qu’après une halte rapide dans une station-service tenue par un caissier tout sauf net, vous avez un accident de voiture, vous marchez dans une direction pour chercher de l’aide… avant de vous retrouver face à votre voiture en arrivant dans l’autre direction. À partir de là, tout est possible pour expliquer le pourquoi du comment, lequel se verra hélas grillé assez vite par celles et ceux qui se montrent attentifs à la spatialisation concrète du décor et aux déplacements spécifiques des acteurs. Le plus pénible à relever dans cette mécanique moins maline qu’elle n’en a l’air, c’est d’entendre l’héroïne paraphraser à voix haute (et en boucle) ce que l’image nous fait déjà comprendre – il n’y a rien de pire que de voir un film qui commente lui-même sa propre mise en scène au lieu de se contenter de nous laisser s’imprégner d’elle. On passe donc les trois quarts du film à attendre pépère la clôture du récit, tantôt avec un peu d’avance, tantôt avec un peu de retard, mais en ayant conscience que cette boucle temporelle a plutôt valeur de chemin théorique balisé. Et ce n’est pas un compliment.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire