DE MAUVAISE FOI

Une comédie qui manque un brin de mordant, mais avec un Pascal Demolon déchaîné

Réginald est un notaire dijonnais un peu roublard. Comprenant que sa fille, Athenais, est bien décidée à épouser Elliott, un jeune loup prétentieux et non croyant, il va profiter d’une Comtesse lui faisant rédiger son testament au profit d’un jeune artiste, Arthur, pour tenter de brancher le garçon en question avec sa fille. L’héritage lui permettait d’ailleurs également de faire rénover leur château, en mauvais état. Mais la Comtesse a mis une condition à son héritage : qu’Arthur prouve qu’il est un bon catholique…

Adapté du roman Les Pieuses Combines de Réginald de Thomas Hervouët, "De Mauvaise Foi" est une comédie certes imparfaite, mais qui s’appuie sur un personnage central suffisamment roublard pour provoquer quelques rires et étonnements. Car dans le fond, dans le milieu catholique où se déroule l’intrigue, le personnage fait figure de seul « pratiquant non croyant ». Ce notaire de province (l’action se passe initialement à Dijon) est en effet un petit roublard, qui laisse chaque soir des cônes de chantier devant son étude afin de pouvoir stationner la journée. Une petite mesquinerie quotidienne préfigurant les grandes manœuvres qu’il va engager : d’un côté faire virer son futur gendre (Elliott, un insupportable yuppie qui ne jure que par ses connexions haut placé et un business très teinté macronie) en mettant dans les pattes de sa fille un jeune artiste (Arthur), de l’autre obtenir des fonds pour rénover le château familial qui tombe en ruine, en s’assurant que cet artiste devienne un bon catholique (condition mise pour hériter par une riche comtesse de ses clientes, dont il a rédigé le testament).

Une situation qui va mener la petite famille et leur invité Arthur dans une retraite de 4 jours à Paray-le-Monial où le film a été tourné au milieu de vrais pèlerins (un tournage à Lourdes étant mission quasi impossible). Si l’ensemble manque de rythme niveau gags, et si l’intrigue autour de la perte du testament est un peu traitée à la va-vite, le film recèle quelques scènes plutôt réussies comme une scène clé de dîner avec les beaux parents, dans laquelle Pascal Demolon ("Le Rire de ma mère", "38,5 Quai des Orfèvres", "Ma Langue au Chat"…), particulièrement en forme, s’en donne à cœur joie, soulignant de manière sonore et gestuelle chaque rebondissement. Pour le reste, l’équilibre est souvent précaire, entre la désolante bonne qui pleurniche bruyamment, et le personnage d’Edmond (Philippe Duquesne), dont on aurait aimé en savoir plus sur son entente soudaine avec l’architecte en chef des monuments historiques (une bonne idée, malheureusement sous exploitée) ou le gag récurrent de l’arrosage programmé. au final le film permet en tous cas de découvrir un lieu de pèlerinage méconnu du grand public et son fonctionnement (accréditations hiérarchisées, lieux d’hébergement bondés, diversité des activités…).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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