DE LA GUERRE FROIDE À LA GUERRE VERTE

Un docu qui fait froid dans le dos

Au Paraguay, l’opération Condor a été mise à jour par la découverte des « Archives de la terreur », permettant de se rendre compte des exactions commises sur les supposés ennemis du régime Stroessner, communistes, intellectuels… Mais apparemment « le condor vole encore », s’attaquant à de nouveaux ennemis, défenseurs des terres ou de l’environnement…

Alors que vient d’être présenté au Festival de Berlin un documentaire percutant sur la dictature au Paraguay, pays coincé entre l’Argentine et le Brésil ("Bajo las Banderas, El Sol"), voici que sort sur nos écrans "De la Guerre Froide à la Guerre Verte", autre témoignage s’attaquant cette fois à l'auto-proclamée République du Soja (allant bien au-delà de la simple frontière sud du Paraguay), et à l’ombre qui semble encore planer de l’opération Condor, vestige de la dictature. Partant d’une photo de son grand père, premier député socialiste du pays (1921-1927) en 1948, sur les champs de ce qui deviendra le fameux « désert vert », alors dédié à la banane et à l’ananas, elle convoque un défenseur des droits de l’homme, Martin Almada, connu localement pour avoir mis à jour les Archives de la terreur, et d’autres experts, américains comme français. Leurs témoignages permettront ainsi de revenir sur la répression sur les paysans expulsés, le harcèlenement et la disparition de défenseurs des terres et de l’environnement, la monoculture qui envahit 94% des terres cultivables du pays, et l’emprise des multinationales.

Scindé en deux du fait de la disparition du protagoniste, ayant mené à l'interruption du processus de tournage, le documentaire donne dans sa seconde partie voix à divers journalistes ou lanceurs d’alerte, à même de nous éclairer sur les processus en cours : forces para-militaires attaquant les communautés (avec moyens agrochimiques parfois), police des frontières servant des intérêts privés, rapports indiquant clairement l’ingérence de l’agrobusiness, corruption politique… S’adressant toujours en voix-off à ce Martin qu'elle admire et qui fait figure de « mentor », la réalisatrice joue peu à peu sur la corde sensible, montrant aussi la lutte locale pour l’existence d’une agriculture biologique au Brésil. Un documentaire qui finit par faire froid dans le dos, mais que le jugement récent contre GreenPeace renforce dans ses conclusions, de règles du jeu biaisées.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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