DANS LA PEAU
Paradoxalement exempt de tension
Synopsis du film
Sortant de prison, Kaleem revient vivre à Marseille, chez ses parents, dans les quartiers Nord, à la Cité de la Savine. Embauché grâce à son père sur des chantiers, il rêve de vivre de sa passion pour le krump, danse intense, proche du hip hop. Évoluant dans un contexte social peu facile, il fait la connaissance de Marie, une jeune architecte aux origines grecques…

Critique du film DANS LA PEAU
Après "Brooklyn" en 2015, son premier long métrage, déjà centré sur le rap, Pascal Tessaud revient avec un second long métrage dont le personnage principal trouve un exutoire dans le krump, danse particulièrement énergique, proche du hip hop. S'il filme proche des corps ses moments de danse, souvent solitaires, dans des décors très cinégéniques d'une piscine désaffectée en bord de mer ou de nuit avec une vue sur les lumières de la ville, le reste du long métrage manque particulièrement de tension. Un comble pour un scénario qui tente d'aborder d'un côté les différences de milieu entre les deux amants, et de l’autre les tensions au sein de la cité, autour des dealers et autres guetteurs, avec le risque de voir la petite sœur répondre aux sirènes de la facilité.
La mise en scène et le découpage sont clairement en cause, faisant tomber complètement à plat les face à face entre Kaleem et son pote ou sa petite sœur, malgré quelques dialogues vénères, ou une scène où la copine s'introduit en scooter dans la Cité pour récupérer un mystérieux sac. Malgré la sincérité de la démarche, l'écriture est également problématique, faisant se succéder certaines situations sans qu'on comprenne au premier abord les liens de cause à effet, jusque parfois dans les dialogues (voir les soudains « tu poses trop de question » alors que la copine n’en a pas vraiment posé… ou « vaut mieux que tu te trouves quelqu’un de ton milieu… » celui-ci se résumant à son métier entraperçu et une vague différence de goûts musicaux liés à ses racines), voire donnant la désagréable sensation de résolutions trop rapides ou gérées par l'évitement. Un évitement de la moindre scène d'action qui finit aussi par sauter aux yeux, malgré une option pour un supposé caractère en retrait du personnage principal qui aurait pu être une bonne piste. De plus, malgré ses qualités de jeu, Wilfried Blé reste trop sage pour nous faire croire à l'aspect bouillonnant de son personnage, jusqu'à se perdre totalement lors d'une scène navrante de face à face avec deux loups (la symbolique était pourtant adéquate), leur échange de regards ne parvenant à suggérer aucune rage.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur