DANIELA FOREVER

Un film de Nacho Vigalondo

Rêve terne

Synopsis du film

Un homme, peinant à accepter la mort de sa petite amie, participe à une expérience permettant de la retrouver dans ses rêves. Il peut désormais penser à elle toutes les nuits et reprendre leur relation, plus idyllique que jamais. Même si ce n’est qu’en rêve. Et au risque de s’y perdre à jamais…

Critique du film DANIELA FOREVER

Une douce invitation à nager dans les eaux délicates de la romance fleur bleue ? Très franchement, on n’est pas contre, surtout quand la démarche se pare en plus des oripeaux de l’exploration sensorielle sur fond de mélancolie et de quête de l’âme sœur – ceux qui ne sont jamais revenus intacts de la découverte de l’ultra-bouleverant "Her", suivez mon regard. Cela dit, on s’attendait un peu à tout de la part du réalisateur du stimulant "Timecrimes" et du conceptuel "Open Windows", mais sans doute pas à un tel résultat. Très curieux, en tout cas, de voir l’ibérique Nacho Vigalondo marcher à plus d’un titre sur les plates-bandes sentimentales de Spike Jonze et de Michel Gondry, mais sans la dimension méta-textuelle du premier ni les bidouillages manuels du second. Le pitch de "Daniela Forever" fait effectivement un peu figure de dérivation inversée d’"Eternal Sunshine of the Spotless Mind", dans laquelle un homme, marqué par la mort accidentelle de sa petite amie, accepte de participer à une expérience lui permettant de la retrouver au sein d’un rêve lucide (celui où le sujet est lui-même conscient de rêver – revoyez "Vanilla Sky" ou "Ouvre les yeux" pour mieux saisir le truc).

À vrai dire, à la seule lecture du pitch, on pense déjà avoir percé le centre névralgique du récit : un individu qui profite du rêve pour s’isoler encore plus du reste du monde avec le souvenir de l’être aimé au lieu de chercher à trouver le moyen de transcender un deuil qu’il s’échine à fuir. Et en fin du compte… c’est exactement ça. Le (gros) handicap de la chose, c’est que l’affaire semble pliée en à peine un quart d’heure, et qu’à l’inverse de bien d’autres films (notamment ceux de Gondry et de Crowe cités plus haut), ce principe narratif visant à basculer du rêve à la réalité restera aussi invariable que les personnages-fonctions qui s’agitent en son sein. À croire que Vigalondo aurait fini par tourner en boucle dans son propre concept, allant même jusqu’à expliciter lourdement sa dichotomie rêve/réalité via un grossier système de cadrage (image carrée et basse définition pour le réel, format Scope et haute définition pour le rêve). Un film qui grille son point de départ en un temps record pour se contenter par la suite de ressasser les mêmes éléments, ça porte hélas un nom : un exercice de style sous cloche. Dommage, ça avait si bien démarré…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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