CRIMSON SNOUT
Attention chien méchant
Nam rentre dans son village natal pour l’enterrement de son père, accompagné de sa petite amie. La famille se réunit pour respecter la période de deuil et maintenir à flot la boucherie canine familiale. Mais de sombres événements vont avoir lieu, menaçant ce fragile équilibre…
La v-horror (abréviation pour Vietnam et horreur) a le vent en poupe sur la scène du cinéma de genre. Le Vietnam s’est ouvert aux productions privées il y a seulement 25 ans et depuis les réalisateurs s’en donnent à cœur joie avec de belles surprises ! "Crimson Snout" est le premier film d’horreur vietnamien à dépasser le million d’entrées en janvier 2024 dans son pays, et depuis d’autres ont suivi. Le secret du succès ? Pour ce film, il s'agit de donner vie au folklore du Vietnam via ses légendes. On suit Nam, un jeune homme qui semble avoir quitté depuis longtemps la campagne et ses superstitions, mais qui de retour chez lui après le décès étrange de son père est confronté à cette atmosphère où tout devient un symbole ou un message de l’au-delà.
Le réalisateur nous dépayse et nous emmène sur les marchés locaux et dans la vie quotidienne de ces familles pour, une fois la routine installée, nous instiller des éléments fantastiques tout en nous laissant libres de choisir, tout au moins au début : est-ce qu’il se passe quelque chose, ou est-ce que les personnages sont victimes du climat de superstition qui règne ? Une fois le choix fait, le film y va à fond. Les effets peuvent parfois prêter à sourire quand il s’agit de donner corps à la légende du chien au museau rouge, mais ce côté premier degré est plaisant. Le réalisateur ne se cache pas derrière des jeux d’ombres, il veut nous montrer son folklore. Le film de genre titille là où ça fait mal et celui-ci nous propose une réflexion acerbe sur le fait de consommer de la viande de chien ou non, pratique encore traditionnelle dans le Vietnam rural (et parfois en ville, même si le pays mène une campagne contre cette dernière, notamment pour soigner son image ainsi que le tourisme).
"Crimson Snout" pâtit un peu de son rythme et aurait pu gagner en intensité sur le dénouement, mais on passe un bon moment et le voyage est garanti jusqu’au bout. De quoi devenir végétarien ?
Océane CachatEnvoyer un message au rédacteur