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CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD

Un film de James Wan

2e avis : Réellement inspiré

Alors que Lorraine et Ed Warren s’étaient promis de faire une pause dans leurs investigations paranormales, l’Église les envoie à Enfield, en Angleterre, où ils rencontrent la famille Hodgson. Mère célibataire de quatre enfants, Peggy Hodgson affirme qu’une présence démoniaque se trouve chez elle et persécute sa fille, Janet. En effet, cette dernière semble être possédée par un démon. Hélas, beaucoup de gens s’accordent à dire que la petite fait semblant…

Le film débute sur une séquence consacrée à l’affaire d’Amityville sur laquelle Ed et Lorraine Warren ont effectivement travaillé entre 1974 et 1976. Une séquence très bien réalisée introduisant parfaitement le cas Enfield, que la presse de l'époque avait justement surnommé "l'Amityville anglais". Une fois cette petite remise en contexte terminée, nous traversons l'Atlantique et nous sommes catapultés au beau milieu de l’Angleterre des années 70. On retrouve des références au mouvement punk ainsi qu'à d'autres symboles culturels de cette époque, le décor est planté.

Avant de continuer, il faut savoir que les distributeurs ont basé toute leur stratégie promotionnelle sur la véracité des faits que relate le film. Mais on peut également sentir un vrai parti pris artistique derrière tout cela. Car malgré ce que pourrait laisser penser les slogans racoleurs du style « Tout ce que vous allez voir dans ce film est tiré d’une histoire vraie ! », on sent bien que Wan a sciemment mis en avant ce côté réel et réaliste de l'histoire. Un parti pris totalement opposé à celui d’un film comme "Insidious" par exemple. Le producteur Peter Safran a d'ailleurs déclaré : "James voulait créer un film effrayant mais totalement ancré dans le réel afin de pousser l’horreur à son maximum."
Wan fait, comme à son habitude, preuve d’une grande maîtrise technique, ce qui nous donne un film d’un esthétisme trop souvent laissé de côté dans ce genre de productions où la rythmique et les effets visuels ont souvent raison de la seule beauté des images. La lumière est splendide et met parfaitement en valeur les jeux d’ombres sur lesquels reposent les séquences d’épouvante. La mise en scène est elle aussi très inspirée. La caméra se déplace avec une grande fluidité, le cadre nous permet d’en voir juste assez pour maintenir la tension. L’arrière-plan est particulièrement mis à contribution, comme c’est souvent le cas pour les effets de type jump scare, mais Wan parvient à casser les codes en jouant sur la focale ou la lumière, nous empêchant ainsi de voir clairement ce qui se passe derrière nos héros. On devine des silhouettes et des mouvements sans parvenir à déterminer clairement ce qu’ils sont, un peu à l’image de notre couple de chasseurs de fantômes ne parvenant pas à déterminer clairement ce qui se passe dans cette petite maison de la banlieue de Londres.

Car dans la plupart des films de possession ou de maison hantée, rien ne vient réellement remettre en cause le caractère paranormal des événements qui se déroulent à l'écran, renforçant ainsi l'immersion du spectateur puisque celui-ci accepte de voir un événement surnaturel dès qu'une porte claque. Mais ici, le doute est créé par Anita Gregory, une parapsychologue particulièrement sceptique quant aux phénomènes décrits par la famille Hodgson et interprétée par Franka Potente. Il ne s’agit pas du personnage sceptique classique refusant de croire aux phénomènes surnaturels et cherchant désespérément une explication rationnelle pour les expliquer, quitte à tomber à son tour dans l’irrationnel. Un procédé de cinéma ultra classique dans le genre horrifique servant à renforcer la croyance du spectateur en ce qu’il voit, puisque la seule explication "logique" présentée par les protagonistes du film est totalement tirée par les cheveux. Mais dans "Conjuring 2 : le cas Enfield", Anita parvient finalement à faire douter les Warren du caractère surnaturel des événements décrits par les Hodgson. Ce qui nous rend nous aussi sceptique puisque le film, comme le premier volet ainsi que le spin-off "Annabelle", repose sur le fait que les Warren sont des sommités dans le domaine du paranormal et des sciences occultes. En tant que spectateur nous ne pouvons que nous fier à leur jugement, même si on se doute bien qu’un film comme "Conjuring 2 : le cas Enfield" ne peut pas traiter d’une affaire n’étant en fait qu’un canular. Le doute s’installe malgré tout et le film prend alors une tournure légèrement différente puisque nous ne suivons plus directement le combat entre les Warren et le démon, mais l’enquête que mène le couple pour démêler le vrai du faux dans une affaire qui, comme toutes les histoires de maison hantée, a de quoi diviser. Un parti pris narratif plutôt original qui fait souffler un vent de fraîcheur sur le genre. Attention, il ne faut pas croire pour autant que nous n’aurons pas droit au démon trop maquillé apparaissant derrière les personnages. Un procédé classique dans les films du réalisateur malaisien.

Coté casting, on peut saluer la performance de la jeune Madison Wolfe, 14 ans, très convaincante dans le rôle de Janet Hodgson, la petite fille persécuté par l'esprit maléfique.
Au final, ce nouveau long-métrage signé James Wan est une vraie réussite. La mise en scène fluide comporte quelques séquences particulièrement inspirées, l'esthétique des images a fait l'objet d'un important travail au tournage et en post-production, la narration est plutôt originale pour un film d'horreur… Bref, avec "Conjuring 2", Wan est au sommet de son art.

Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur

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