COMPANION

Un film de Drew Hancock

Dis Siri, tu m’aimes ?

Iris est folle amoureuse de Josh. Le couple semble filer le parfait amour jusqu’à ce week-end où ils sont invités chez des amis de Josh dans une maison de campagne isolée en pleine forêt. Iris devient malgré elle le centre de l’attention. Et cette attention va tout faire basculer, pour le pire…

Réussir son coup pour un premier long-métrage est le rêve de tout réalisateur. Drew Hancock peut être tranquille, il coche ce rêve haut la main. Scénariste aux contributions plutôt anecdotiques sur des séries comme "The Suburgatory" (et co-créateur de la série "Florida" en 2020), il débarque en ce début d’année 2025 avec une proposition alléchante qui mêle notre rapport aliénant aux nouvelles technologies, le film de genre un peu trash, l’humour noir, et la redistribution des cartes dans les rapports de dominations hommes-femmes.

Un premier conseil avant d’aller plus loin dans ce papier : ne regardez pas la bande annonce avant d’aller voir le film, vous vous priveriez d’une des surprises de l’histoire et ce serait dommage ! Le film joue habilement sur nos attentes dès les premières minutes : on se retrouve face à quelque chose qui a tout du bonbon romantique que l’on ne pensait pas devoir regarder. Puis le changement s’opère de manière très fluide et l’ambiance mute tranquillement vers quelque chose de plus sombre, au détour d’une soirée arrosée et d’une matinée à la plage. Dans "Companion" le sujet dont il est question ce sont surtout les hommes (avec un petit H car aucun d’entre eux ne mérite de majuscule dans cette histoire) : ce qu’ils veulent, ce qu’ils montrent, ce(lles) qu’ils exposent comme des trophées, et comment ils existent via la technologie (les voitures sont énormes et autonomes et les téléphones ont la taille de baies vitrées, vous en déduirez ce que vous voulez).

Sophie Thatcher qui avait fait ses armes dans "Prospect, l'ambre de la lune verte", et plus récemment dans la dispensable adaptation du "Croque-mitaine" de Stephen King, incarne à la perfection le rôle titre d’Iris : une femme dans le contrôle, dévouée mais dévorée par une envie d’exister. À ses côtés Jack Quaid figure phare de la série "The Boys", interprète ce type trentenaire qui pourrait être votre ami, un peu ouin ouin mais quand même sociable et franchement pas très au clair dans ses rapports avec les femmes. On retrouve également avec plaisir deux seconds rôles déjà habitués des films de genres : Megan Suri dans le rôle de Kat, remarquée dans "Inside" de Bishal Dutta, et Lukas Cage dans le rôle de Patrick, vu en fin d’année 2024 dans "Smile 2" de Parker Finn.

Dans "Companion", Drew Hancok fait attention aux détails et nous entraîne en quelques minutes dans une chasse aux indices : par exemple dans les choix des costumes des protagonistes (la garde robe immaculée d’Iris, bien plus que celles de ses amis pourtant tout aussi apprêtés), ou dans les dialogues qui instillent le doute sur ce que les gens savent, ou non, les uns sur les autres (« tu me donnes l’impression, d’être remplaçable »). La force du film c’est également une fois le twist de base passé, de nous emmener toujours plus loin dans la fuite en avant, c’est un mélange savoureux entre l’effet domino et la loi de Murphy. Seule ombre au tableau : même si la forme est plutôt rafraîchissante, c’est encore la même histoire qui est racontée et qui constate les problèmes dans les relations qui impliquent des hommes, sans apporter de solution. En 2025 on en a un peu marre du profil de l'héroïne qui doit briser ses chaînes seules pour s’en sortir et éventuellement inspirer les autres. A quand un bouleversement systémique ? En attendant, Iris est peut-être votre prochain coup de foudre, attention au retour de flamme.

Océane CachatEnvoyer un message au rédacteur

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