COMMENT DEVENIR RICHE (GRÂCE À SA GRAND MÈRE)

Un film de Pat Boonnitipat

Une comédie dramatique thaïlandaise entre intérêt et attachement

Le jeune M participe au jour des ancêtres avec sa mère, ses deux oncles Kiang et Soei, et sa grand mère maternelle, en allant sur le caveau engazonné de la famille. Par mégarde, la grand mère fait une chute et termine à l’hôpital, ses enfants découvrant à l’occasion des analyses qui lui sont faites, qu’elle est atteinte d’un cancer des intestins de stade 4. Peu de temps après, avec le décès de son grand père paternel, M découvre que sa cousine Mui, qui s’est occupée de lui ces dernières années, a hérité de la maison de celui-ci. Espérant que sa grand mère en fera de même pour lui, il se met à rendre régulièrement visite à celle-ci, allant jusqu’à s’installer chez elle et soupçonner le moindre geste de sa mère ou de ses oncles, d’être un signe d’intéressement qui pourrait le priver du jackpot…

Décidément les comédies dramatiques autour de la mort et la maladie se suivent mais ne se ressemblent pas. Après "On Ira", qui mettait Hélène Vincent sur la route de la Suisse avec sa famille dans un van de fortune, lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d'une maladie incurable, et "Aimons-nous Vivants", qui voit Gérard Darmon en célèbre chanteur s’engager lui aussi sur la voie du suicide assisté, c’est cette fois un film thaïlandais, gros succès en son pays, qui sort sur les écrans. Démarrant comme une comédie d'arnaque, le film se meut peu à peu à une chronique douce-amère, où les soupçons et manigances du jeune homme vont certes éclairer la vision de la grand mère sur sa propre famille, mais aussi provoquer souffrances et mise à jour de non-dits.

Filmé avec tendresse et juste ce qu'il faut de distance, le duo petit-fils / grand mère se révèle rapidement attachant, grâce aux moues interloquées du jeune homme, capable de tout pour mettre en défaut sa mère et ses oncles, et au caractère peu engageant de la grand mère. Apprenant à se connaître, les deux personnages construiront malgré leurs réticences, une véritable relation qui ne pourra que faire jaillir l'émotion. Dans ces lieux où la végétation envahit le moindre espace libre, débordant des fenêtres et sur les ruelles, la lenteur et l’apparente douceur de la vie quotidienne se confrontent peu à peu à la réalité de la maladie, le scénario alternant éléments de drame et de comédie, et remettant les pendules à l'heure quant à l'amour maternel et inconditionnel. On s'amusera donc, sans en avoir honte, des côtés roublards du petit fils, autant qu'on s'attachera à sa grand mère, rigide seulement en apparence, tout en se rappelant que, comme le dit l'un des personnages, « ce que veulent les personnes âgées, c'est du temps ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire