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COLD FISH

Un film de Sono Sion

Faire émerger le mal qui sommeille en chacun

Shamoto tient une boutique de poissons tropicaux. Sa fille, Mitsuko, ne supporte pas la nouvelle femme de son père et ceci lui cause quelques tracas familiaux. Un jour, Mitsuko se fait prendre en flagrant délit de vol dans un supermarché, mais le patron, Mr Murata, qui lui, tient un énorme commerce de poissons tropicaux, propose finalement un travail à Mitsuko. Rapidement considéré comme le sauveur de la famille, Mr Murata va avoir une influence croissante sur celle-ci, de manière plus en plus inquiétante…

Auteur très peu connu en France, Sono Sion est un véritable phénomène au Japon et fait partie, à l'instar de Takashi Miike, Shynya Tsukamoto ou Shuske Kaneto, de cette lignée de cinéastes nihilistes japonais qui, via leurs films de genres, nous livrent des critiques acerbes de la société japonaise. Sous leurs faux airs exubérants et burlesques, les œuvres de Sono Sion prennent souvent en toile de fond des cellules familiales en crises et déstructurées ("Love exposure" et "Hair extension") pour faire exploser les tabous du Japon.

"Cold fish" en est un parfait exemple. Sorte de "Tokyo Sonata" en version comédie noire et satirique dans sa première partie, les bases de l'intrigues y sont habilement posée par un dîner familial au silence éloquent. Shamoto, insignifiant père de famille n'ayant plus d'autorité sur sa fille et laissant visiblement sa nouvelle femme indifférente, se retrouve pris entre ces deux femmes qui ne peuvent pas se sentir. Incapable de résoudre ces problèmes, il reste immuable et encaisse sans broncher. Entre ensuite en scène le singulier personnage de Mr Murata, apportant une pointe d'étrangeté à ce qui paraissait, pour le moment, être un simple drame familial.

La tangente est incertaine. Ne sachant jamais vraiment où le film compte nous emmener et le personnage de Murata devenant de plus en plus imposant, mystérieux et manipulateur, "Cold fish" prend toute son ampleur grâce à cet inquiétant climax. Puis, une fois les véritables intentions révélées, la puissance du film retombe comme un soufflé. Son Sion préférant exposer les accès de violence sanguinolents de ses protagonistes qui livrent tous un jeu excessif, "Cold fish" perd ainsi peu à peu de son cachet dans sa dernière partie.

Malgré cette petite faute de goût, "Cold fish" reste emprunt d'une indéfinissable ambiance qui rend sa vision assez délectable. Certainement le meilleur film du cinéaste qui pourrait être le premier de sa filmographie à être distribué sur nos terres.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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