CLOSE TO YOU

Un film de Dominic Savage

Un message nécessaire autour de la transidentité, mais une réalisation aux abonnés absents

Synopsis du film

Sam angoisse à l’approche de son départ pour son village d’enfance où il doit se rendre à la fête d’anniversaire de son père. Sauf que depuis sa transition, les liens ont été rompus avec sa famille et Sam n’est pas retourné les voir depuis quatre ans. Dans le train qui l’emmène, il rencontre par hasard une fille dont il était amoureux. Ce voyage sera-t-il finalement celui qui lui permettra de trouver l’amour ?

Critique du film CLOSE TO YOU

Depuis qu’Elliot Page a révélé son parcours transgenre, intervenu en 2020, sa vie artistique a été mise en pause, à l’exception de son rôle dans la série "Umbrella Academy". L’acteur de "X-Men: L'Affrontement final", "Juno" ou encore "Inception" avait alors pris du temps pour rédiger son autobiographie "Pageboy, autoportrait d’un artiste" (éditions Kero) où il y révélait notamment la douleur et l’incompréhension de ses proches à l’annonce de sa transition. Elliot Page s’est-il senti investi d’une mission ? Celle de sensibiliser, d’informer et d’acculturer sur un sujet difficile à appréhender pour d’anciennes générations peu habituées à connaître et encore moins à vivre en leur sein des cas de jeunes en questionnement ou en parcours transgenres. C’est ce qu’on pourrait croire avec la sortie du film "Close to you", qu’il a co-écrit, produit et dans lequel il tient le premier rôle.

Film sur les relations intrafamiliales post transition, "Close to you" analyse en effet tous les travers à éviter pour les parents d’un jeune transgenre. Le film immerge le jeune Sam dans les murs de son ancien foyer, qui lui rappelle à tout instant son ancienne vie, son ancienne identité, son ancien lui. Les murs et les meubles affichent les photos de son enfance en petite fille. Sa mère a beau faire des efforts, elle se trompe de pronom et ose lui dire « Quand je te vois, tu me manques encore plus ». La plus jalouse de ses sœurs le culpabilise en lui racontant que leurs parents sont inquiets pour lui. Bref, on est loin du cocon familial aimant et protecteur, et "Close to you" liste et coche une à une toutes les erreurs à ne pas commettre.

Tout est donc un peu trop appuyé et artificiel. Dominic Savage a-t-il oublié qu’il tournait un long-métrage de fiction ? N’est pas Xavier Dolan qui veut… On est ici loin de la maîtrise des retrouvailles en famille de "Juste la fin du monde" par exemple. "Close to you" enchaîne les figures imposées sans marquer les esprits, la caméra suit son protagoniste qui, à l’image du scénario, erre indécis, incompris et se perd dans sa quête initiale. On se demande à plusieurs reprises où est la mise en scène, où est la gestion du rythme ? La caméra se met trop souvent en mode pause. Les dialogues parfois incessants fatiguent plus qu’ils ne captivent. Le rythme s’étire en longueurs rendant le métrage soporifique.

Et que dire de l’histoire d’amour à laquelle on peine à croire ? Censée se passer entre deux anciens camarades d’école, on est surpris par le choix de la comédienne, tant la différence d’âge entre Sam et Katherine semble importante. Ne devraient-ils pas avoir tout au plus 5 ans d’écart et non 10-15 comme à l’écran ? En plus, leur liaison naissante est anéantie par les mêmes effets que l’histoire familiale : des dialogues plats, une froideur ambiante, une caméra voyeuriste et une mise en scène aux abonnés absents. "Close to you" traite d’un sujet nécessaire autour de la transidentité pour lequel la performance d’Elliot Page, qui se met littéralement à nu, est à saluer. Dommage donc que le métrage s’étire en longueurs et manque de tensions dans sa partie familiale et d’émotions dans l’histoire romantique. Militer au cinéma c’est bien, militer en faisant du cinéma c’est mieux.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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