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CLIP

Un film de Maja Milos

Bimbo teen porno trash

Jasna a 16 ans et habite dans une petite ville en Serbie. Elle s’ennuie ferme, son père est mourant, mais elle ne dialogue plus avec ses parents. Tout ce qui l’intéresse, c’est la fête, l’alcool, le sexe, mais surtout Djole, un garçon de son lycée pour qui elle est prête à tout…

Lauréat du prix du meilleur film au festival de Rotterdam et interdit en Russie, dire que « Clip » est un film sulfureux est un doux euphémisme. Portrait de la véritable déchéance amoureuse d’une jeune fille appartenant à une génération sans repère, où toutes les transgressions sont envisageables et même encouragées entre adolescents, ce film serbe n’y va pas de main morte. « Clip » rappelle « Turn me on ! » pour le choix de son thème (l’éveil sexuel dans une petite ville paumé) mais surtout les films de Larry Clark (notamment « Kids » et « Ken Park ») pour ses séquences de sexe frôlant la pornographie.

La jeune réalisatrice Maja Milos signe ici un premier film dérangeant, s’attachant à montrer une jeunesse désœuvrée, à peine sortie de la préadolescence, trompant son ennui dans l’alcool, la drogue et le sexe. Ici, le sexe s’apparente à l’amour devenu un concept dénué de sentiment, consistant seulement en une prise de plaisir égoïste et rapide, et les filles s’habillent comme des prostituées pour avoir les faveurs des garçons. Jasna ressent pourtant des sentiments. Pour ce garçon d’abord, profiteur d’occasions pour s’envoyer en l’air, mais aussi vis-à-vis de la situation de santé critique dans laquelle se retrouve son père. Sa mère la prend pour une égoïste à trop vouloir sortir jusqu’à l’aube et à rester cloîtrée dans sa chambre la journée. Jasna prend beaucoup de distance, mais ne serait-ce pas là une façon de fuir le chagrin de perdre son père, en même temps qu'une situation qu’elle ne sait pas gérer ?

Maja Milos alterne donc séquences de beuverie et de sexe très cru avec des points de vue sur l’environnement familial et ses liens complètement rompus entre générations, ceci pendant 1h30. De quoi s’ennuyer ferme une fois le propos compris. Car malgré son portrait romancé sur Facebook, la vie de Jasna est terriblement ennuyeuse. Le problème est que cet ennui transparaît sans mal chez le spectateur, qui s’évertuera à comprendre la protagoniste… mais sans doute pour rien.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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