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CHRISTY

Un film de Brendan Canty

Trouver son propre chemin

Mis à la porte de sa famille d’accueil, Christy, qui aura 18 ans dans quelques semaines, se retrouve hébergé chez son frère Shane. Là, il dort sur un matelas, à côté du lit du bébé, en attendant que son référent lui trouve une nouvelle famille, son frère refusant qu’il aille en foyer. Revenu ainsi dans un quartier où sa famille est connue, il va commencer à travailler sur des chantiers de peinture avec son frère…

Film social irlandais, "Christy", adapté du court métrage éponyme de 2019, a remporté le Grand Prix du jury internationale de la section Generation 14Plus à la Berlinale 2025. Remarquablement interprété par Danny Power (une vraie révélation), ce portrait d’un jeune à la violence sous-jacente, se permet justement d’écarter celle-ci un temps, pour mieux incarner l’intention du personnage de ne pas retomber dans certains travers, tout en n'acceptant pas pour autant d’être réduit à ce que les autres veulent pour lui, qu’il s’agisse de son frère qui l’emploie sur ses chantiers avec son pote boxeur, de ses cousins qui l’embarqueraient bien dans leurs petit business ou de son référent qui voudrait le remettre dans une famille dont il ne sait rien. Sur la corde raide, à l’image d’une mise en scène caméra à l’épaule qui souligne la fébrilité du personnage, Christy est aussi capable de douceur, lorsqu’il s’occupe du bébé ou coupe les cheveux du frère handicapé de Leona, une amie.

Le scénario dessine en arrière plan l’ombre d’une mère aux agissements peu glorieux, mais jamais stigmatisée, créant ainsi une émotion ténue lorsque celle-ci est évoquée. Chaque personnage obtient l’épaisseur qu’il faut pour devenir détestable ou attachant (le frère de Leona, surnommé Robot, qui agit comme un petit caïd est assez irrésistible). Avec en fond le fonctionnement parfois aveugle du système d’aide sociale britannique, "Christy" pose la question de la place de ce grand adolescent imprévisible, tout en mettant en avant la nécessité d’avoir quelques amis pour espérer se réinsérer. La scène où Shane l’aperçoit au loin avec ceux-ci est d’ailleurs l’une des plus émouvante du film, à la fois pleine d’une tendresse retrouvée et bouleversante. Un très beau film sur la réconciliation avec ses proches et avec soi-même, que ne renierait pas ken Loach, et qui devrait trouver sans problème son chemin vers les salles françaises.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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